theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Scènes de chasse en Bavière »

Scènes de chasse en Bavière

+ d'infos sur le texte de Martin Sperr traduit par Michel Dubois
mise en scène Pénélope Biessy

: Note d'intention

Cher Martin Sperr,


Je suis une fille des villes, je n’ai pas connu la guerre, et je n’ai été que deux fois en Allemagne, en coup de vent. Je n’ai pas de permis pour m’y conduire, je ne parle pas l’allemand, et pourtant quand je lis les premières phrases de l’édition française de Scènes de chasse en Bavière, le voyage s’opère.


Voilà pourquoi je suis là.


J’ai décidé de devenir une habitante de Reinod, d’apprendre leur langue, de courir dans leur trace, de tendre l’oreille lors de leurs messes basses, d’écouter leurs rêves et leurs cauchemars dans le creux de leurs nuques et de te le dire.


Alors voilà tu as gagné, tu m’as trouvée ou je t’ai trouvé peu importe, deux ou trois lumières se sont allumées le long de la route et même sans avoir le permis j’ai pris une voiture.
On m’a prévenue il y aura des péages et des embouteillages, des balises et des bifurcations, des pannes d’essence et des dos d’ânes, oui je sais, mais tant que ça roule je ne m’arrêterai pas, pas tant que le moteur chauffe encore.


Marcel Proust dans sa Recherche du temps perdu écrit que « Le souvenir d’une certaine image n’est que le regret d’un certain instant ».
Partant de ce constat, je sens qu’il faut prendre la direction inverse. Pas de vision, pas de regret, donc pas de prise de conscience, si ce n’est, pour ceux qui regardent, celle d’une difficulté à décrypter les vérités du monde.


Se tiendront face à toi des marionnettes aux yeux crevés, en guerre contre l’obscurité. Ne t’étonne pas si tu les vois dévaler au lieu de marcher, attaquer avant de voir, et serrer trop fort leur amour de peur qu’il ne leur échappe. Un conseil : allume tes feux de nuit et fais le plein il va falloir choper leur rythme !


Je suis prête, j’ai de bons rétroviseurs, une bonne boîte de vitesse, il n’y a plus qu’à démarrer, à mettre les gaz.
Je veux partir en Basse-­Bavière, me loger dans les rires de Zenta, m’assoupir dans les champs après avoir durement travaillé en compagnie de Volker, courir après Abram, chuchoter à l’oreille de Rovo, poser ma main sur le ventre de Tonka tout en buvant de la bière et trinquer avec Georg. Je veux sentir la peur qui les hante comme un air de l’enfance. Je ne veux pas d’autre boussole que les indices que tu as laissés entre les lignes, dans les angles morts.
Ensuite, je m’en remets à la force du vent que je sentirai en fermant les yeux.

Pénélope Biessy

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.