Y'en a qui se demandent comment on peut en arriver à chercher celui ou celle qui nous détruira juste assez pour que demain on meure en oubliant de penser à soi.
Soi est déjà rien.
Soi est déjà parti dans les bennes depuis longtemps, recouvert d'ordures et rongé par cinq hivers.
Soi est déjà parti mais il reste la honte d'y ressembler.
La honte du résidu.
(Amélia Bréchet, extrait de Silence! on vit)

Silence! On vit, un spectacle qui lie la danse, le théâtre et la musique pour pousser à l'unisson le premier cri d'une femme qui, trop longtemps, a dû taire son histoire. Une Médée moderne et prolétaire.

Médée accapare les salles pour humecter les fauteuils d'une humeur noire à coup de saxophone, de danse, de chant et de jeu.

Blessée, fâchée d'avoir subie l'hypocrisie d'un monde qui voilait le viol, qui abandonnait une future mère, qui se crispait au nom du fils bâtard … un monde qui continue de mentir pour sauver une face ridée ... Médée pousse un dernier cri avant de retourner à sa tombe: c'est une déclaration de guerre au silence. Ce spectacle aux partis-pris formels radicaux est une création de la Compagnie RagBag. Cette jeune compagnie revendique le décloisonnement des compétences (artistiques, techniques et administratives) et un fonctionnement de troupe où chacun porte la responsabilité de soi et du groupe.

Avec une équipe transformée, nous avons réadapté la pièce en accordant davantage de place à la danse et en insistant du regard sur la révolte posthume d'une femme, Médée prolétaire, qui n'a pas bénificié de la dignité de son rang pour donner une voix audible et influente à sa douleur.