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Roméo et Juliette

mise en scène Magali Léris

: En compagnie de Roméo et Juliette

En compagnie de Roméo et Juliette depuis 2007


Cela fait un moment que je tourne autour de Roméo et Juliette. En 2007, j’ai assuré la dramaturgie et la direction d’acteurs pour les danseurs de Sébastien Lefrançois, chorégraphe hip-hop de Roméo(s) et Juliette(s). A cette occasion, j’ai travaillé avec des danseurs très jeunes. J’ai aussi travaillé la pièce avec des jeunes comédiens au Conservatoire de Clermont-Ferrand, dans la classe libre de l’Ecole Florent et également dans des lycées.


Roméo et Juliette ont quatorze et quinze ans, ce sont des adolescents, je me suis aperçu que dans leur bouche, la langue de Shakespeare racontait plein de choses actuelles. Tout naturellement, mon désir est de monter cette pièce immense maintenant. j’ai fait un bout de chemin avec elle, j’ai la certitude d’avoir encore des découvertes à faire. Roméo et Juliette est l’histoire d’une jeunesse d’une intelligence vive, niée par un monde adulte égoïste qui croit savoir ce qui est bien pour elle et qui décide à sa place. Roméo, Juliette, Benvolio, Pâris, Mercutio, Tybalt, sont passionnés, fougueux, ardents, rebelles, impatients, pleins d’humour et de vie. Aux côtés des personnages jeunes, Shakespeare a écrit des rôles hauts en couleurs, tels la nourrice, les parents Capulet et Montaigu, le frère Laurent ou encore Pierre, le valet de la nourrice, qui était joué dans la troupe de Shakespeare par Kemp (auquel je fais un clin d’œil), acteur comique très célèbre à l’époque, cabot à souhait, qui sortait de son personnage pour aller au contact direct avec le public, ce qui déclenchait le rire de celui-ci et les foudres de l’auteur. Le rythme de la pièce naît dans la légèreté, pousse graduellement avec des accidents, puis grandit brutalement dans la tragédie. Haut et bas, accalmies et tempêtes. Rythme cardiaque des adolescents imprévisibles. Adolescents qui meurent tous.
La mise en scène vit avec un pouls rapide mais sans agitation vaine, sans ignorer les temps suspendus, aériens, du poème, avec des corps impatients, qui ont le goût des abîmes, des corps d’adolescents fiévreux.


Une grand histoire d’amour en seulement quatre jours


Le génie de Shakespeare est de raconter cette histoire dans un temps très court. Ces quatre jours de l’histoire m’amènent à me poser toujours les mêmes questions : Le temps de l’histoire est-il le lieu de la tragédie ?


La mise en scène doit-elle s’appuyer sur l’accélération du destin tragique?
Pourquoi Shakespeare est-il si impitoyable avec nos deux jeunes gens?
Pourquoi leur fournir des stratagèmes si périlleux pour sauver leur amour et les faire mourir? Si vite!
Pourquoi ces deux enfants sont-ils vaincus par la guerre de leurs pères?
Est-ce qu’ils ne sont pas assez forts pour lutter contre eux ? Sont-ils trop jeunes
Manquent-ils seulement de temps?
Où se trouve dans la pièce la question du mal ? L’amour n’est pas l’arme qui fait plier la guerre ?
L’axe du bien contre l’axe du mal ?
Et si, cette fois-ci, les deux jeunes amants pouvaient changer le cours de leur destin fatal et vivre ? Seraient-ils différents?
L’amour est une fumée qu’exhalent nos soupirs, Dissipé, c’est un feu brûlant dans les yeux des amants.

Roméo est la fine fleur de l’éducation et de la culture de son époque, mais traîne avec lui une langueur toute dépressive et porte en lui une difficulté à vivre et à vivre le réel. Il se complait dans la projection de l’amour, en aimant d’abord une Rosaline inaccessible, puis dès l’apparition de Juliette, il projette sur elle un amour plus vaste encore...
Mais, dans ce nouvel amour, n’y a-t-il pas, à nouveau, une projection inconsciente du personnage d’aller vers sa mélancolie profonde? Si Roméo est capable de se marier en cachette, de rejoindre sa femme pour une nuit d’amour interdite, pourquoi se suicide-t-il? Pourquoi n’a-t-il pas la force de vivre? Après seulement trois jours d’un nouvel amour qui, lui, est vécu ?



Et Juliette? Qui n’a que 14 ans... Sans nul doute la Juliette du début de la pièce est une enfant obéissante qui n’a aucune imagination de l’amour. Elle va cependant apprendre tout en même temps: à connaître son amant comme son ennemi et perdre en cet instant la félicité de la découverte de l’amour et son innocence. Shakespeare met dans la bouche de Juliette les mots les plus incroyables qui viennent à une très jeune fille en un temps record : elle sait tout de l’amour tout de suite, son immensité, ses ruses, ses mensonges nécessaires, le jeu amoureux, la perte, le désir... Juliette est un personnage actif, puissamment ancré dans le réel, qui lutte avec des armes féminines contre son destin, que l’amour rend brillante, intelligente, engagée, et qui prouve par son geste définitif qu’elle ne transige ni avec ses sentiments ni avec ses choix et qu’elle n’a pas d’espoir dans l’avenir adulte qu’on lui propose.
Magali Léris

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