Rhapsodies narre les étapes de fabrication d’une émission de télé-réalité : l’organisation du casting de deux candidats ; la réunion entre « créatifs » pour les relooker et les formater ; l’émission elle-même, prête à nourrir des temps de cerveaux disponibles…

Les candidats sélectionnés pour ce show voient leurs existences détournées et scénarisées. Leurs fantasmes sont auscultés et reproduits dans la machinerie télévisuelle. S’instaure alors une distance entre leurs existences et leurs avatars, dans une société du spectacle qui broie les êtres pour mieux générer de l’argent selon un écosystème très au point. En contrepoint de ce drame fabriqué, on assiste à la chute de deux foyers ruinés par la crise des subprimes, pour mieux souligner le décalage entre fiction et réalité.

Avec ce texte, je souhaite mettre en exergue la fabrication d'un artifice cynique, violent et destructeur qui, analysé avec froideur, confine à l'absurde. Puisque tout est faux, on peut faire croire au spectateur absolument tout (comme lui montrer une jupe en lui disant que cela est un pantalon!). Il s'agit de « mettre en scène une mise en scène », de donner à voir la fabrication, étape par étape, d'une certaine forme d'horreur, suivant un processus bien précis, marqueté, de déshumanisation. Le faux devient la norme et il est vendu pour du vrai.
En parallèle se raconte une histoire bien réelle, humaine, tragique, fatale, qu'il nous faut traiter le plus simplement du monde : en la disant tout simplement, tranquillement, au public, presque dans son oreille.

C'est précisément cet antagonisme terrifiant mais tellement moderne entre la marchandisation du faux et l'anéantissement du vrai qui, je l'espère, fera spectacle.

William Astre - Metteur en scène