Le spectacle est le résultat de neuf mois de travail avec un groupe de comédiens réunis autour du masque du clown et d’un texte, écrit il y a quelques années, qui était resté jusqu’alors dans le tiroir. C’est grâce au travail développé avec ce groupe d’actrices et d’acteurs que la pièce est venue s’imposer comme une évidence ; le moment était venu de donner corps et souffle à cette pièce dont l’étrangeté de son récit et de sa structure dramaturgique m’avait toujours parue mystérieuse, et qui le reste aujourd’hui encore. Ce que nous avons cherché dans l’élaboration du spectacle, c’est créer une sorte de rêve éveillé chez le spectateur. Il se doit d’assister à un moment où il est obligé de se dépouiller de toute linéarité dramaturgique, pour pénétrer dans une sorte de long poème, composé par des mots, des images, portés par neuf créatures qui leur donnent vie.
Réunis tantôt au Théâtre El Duende d’Ivry-sur-Seine, au Théâtre Victor Hugo de Bagneux et à la Cartoucherie au Théâtre de l’ÉpéeLa gestation de bois, j’ai pu travailler pendant plusieurs résidences avec ce groupe de comédiens. Il s’agissait non seulement de trouver un corps à travers les images qui se composent, mais également de procéder à une profonde introspection dans le monde du clown tel que je le pratique depuis plus de 15 ans désormais. Il m’était indispensable d’aller chercher véritablement là où, de mon point de vue, se trouve l’esprit du clown, dans cette zone éminemment quantique où l’univers linéal du temps-espace est totalement disloqué, et sans cesse reconstruit. C’est au sein de cet espace extraordinaire, là où le clown est capable de nous immerger que nous avons trouvé la source du spectacle. C’est de là que sont venues ces complaintes existentielles dont ils se font écho. Voilà pourquoi les clowns de ce spectacle sont nécessaires : non pas en tant qu’ils appartiennent à un style d’interprétation, mais parce qu’ils disposent d’une connaissance intuitive, d’une perception intime du monde quantique qui est si proche de l’extase et de la mort.