La pièce

Lui a la cinquantaine, Elle la trentaine. Tous deux forment un couple, ils viennent d’acheter une vieille maison sur une lande isolée en bord de mer. Ils fuient le monde et leurs semblables pour vivre et croire à deux en un absolu : être seuls ensemble.
Le troisième personnage, L’homme, est le petit-fils des anciens propriétaires de la maison. C’est lui qui leur a vendu la maison. Sa venue prochaine résonne comme une présence obsédante pour les nouveaux propriétaires, soucieux de leur isolement. L’apparition de l’homme révèlera la fragilité de cette relation amoureuse.

Quelqu’un va venir est un exemple significatif de l’écriture singulière, simple et poétique du grand écrivain norvégien. L’oeuvre, très sensible, possède une véritable musicalité incantatoire et mélancolique. L’écriture de Jon Fosse est marquée par d’inlassables répétitions traversées d’infimes variations. Par l’effet de ce langage au vocabulaire restreint, qui paraît toujours égal à lui-même, sans l’être intégralement, par le jeu de ces formules réitérées où s’insinuent d’imperceptibles modifications, les mots en viennent à dépasser la simple fonction référentielle et le sens commun, à désigner, pour reprendre une idée de Henri Meschonnic, une autre chose " que l’on ne sait peut-être pas qu’on entend ".

‘‘J'avais eu l'expérience d'un théâtre capable de franchir la distance qui sépare la culture de l'art et lorsque le théâtre devenait de l'art, il le devenait pour de bon. Cette expérience, je l'avais eue. Et lorsque cela se produisait, on rencontrait quelque chose, une voix silencieuse bien singulière que l'on n'avait jamais rencontrée auparavant. On était véritablement marqué par une voix muette, et la vie, à la suite de la rencontre avec cette voix, n'était plus comme avant.’’

Jon Fosse

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Note d’intention

Pour ma première mise en scène, il était important de trouver une œuvre dense avec peu de personnages, que l’écriture soit forte et poétique et que la situation permette aux comédiens de s’épanouir et de faire appel à leur imaginaire.
Ayant joué, il y a trois ans Visites de Jon Fosse, mis en scène par Marie-Louise Bischofberger au Festival d’Avignon, j’ai pu mesurer la richesse d’être confronté à cette écriture dépouillée de toute quotidienneté vulgaire.

Quelqu’un va venir me permet de parler des relations de couples dans notre société, et de la difficulté de l’être humain à se confronter à ses peurs et ses démons. Dans notre société, tout est fait pour nous divertir. Jon Fosse plonge ses personnages dans un lieu où la solitude est représentée dans son essence, telle une expérience de laboratoire, il observe. Il situe cette solitude dans un cadre idéal pour en dégager l’échec qui, en réalité, la constituait.
Là est la force de ce texte ; ce n’est pas en s’éloignant, en s’isolant que ce couple devient plus solide, que leur couple évolue, qu’ils oublient leur démons, bien au contraire. Etre deux ne les rend pas plus fort. La solitude des personnages est exacerbée par leur repli géographique ; isolés ensemble et unis dans la quête d’un bien être à deux. Le couple de Quelqu’un va venir vit dans l’illusion d’un repli salutaire. J’essaierais d’exercer un regard critique sur l’isolement de ce couple, notamment par des ‘‘focus’’ sur leurs attitudes, leurs gestes, leurs comportements.

Quant à l’intrusion du troisième personnage dont on pourrait se demander si elle n’était pas désirée ou souhaitée par le couple, on verra qu’elle réussira finalement à l’ébranler et à le miner de l’intérieur, sans pour autant qu’elle et lui ne s’en aperçoivent.

La scénographie sera traitée dans un premier temps de manière assez graphique et inspirée du peintre Magritte. Je souhaite travailler sur des lignes graphiques et épurées tant pour la scénographie que pour les costumes afin que l’imaginaire du spectateur puisse être mis à contribution.

Jérémie Lippmann

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Scénographie

L’espace scénique est conçu en triptyque avec des panneaux qui au fur et à mesure de la pièce modifient l’espace du plateau et illustrent le temps, notion abstraite de cette pièce, une dentelle pour le vieux, du bois que l’on manipule pour l’instant présent et enfin un lycra tendu pour un hypothétique avenir.
Au nombre de trois, ces panneaux peuvent ainsi, suivant les placements organiser l’espace sous différents schémas, des fonds de décor isolés pour chacun des comédiens, un lit, un cube fermé sur trois faces ; alors cette maison, lieu unique de la pièce se trouve réduite à sa plus simple représentation : une boîte, une boîte avec une ouverture travaillée dans l’idée du panoptique traduisant le regard de l’auteur qui observe ses protagonistes comme une expérience de laboratoire.
A l’intérieur de cette maison, pas d’objets illustratifs, un traité très simple et symbolique des différents espaces de la maison et de son atmosphère claustrophobe (projection du portrait de la grand-mère) tout autant que l’idée d’un espace qui se destructure allant même vers un lieu totalement ouvert. (plus d’intérieur, plus d’extérieur…)

Laura Audrey Léonard

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Création musicale

L’ambiance musicale de la pièce comporte deux parties : Une partie habillage sonore (bruitages) et une partie musicale (chansons, mélodies).
L’habillage sonore sera effectué ‘‘à la bouche’’ afin de coller à l’aspect organique de la pièce (étude de l’intimidé d’un couple). Ce parti pris participe aussi à une vision ludique de la mise en scène, ainsi qu’à son choix d’abstraction, de non-réalisme.
La partie musicale comportera un thème, celui du couple, réinterprété et réarrangé selon les situations de la pièce. La musique sera contrastée, va et vient entre une ambiance de suspense et un calme ordinaire.
Possibilité d’une illusion en voix à la façon d’un conteur, marquant la continuité de la pièce (début, entracte, fin…) par une voix féminine.

Charles Souchon et Nicolas Voulzy