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Quelqu'un va venir

+ d'infos sur le texte de Jon Fosse traduit par Terje Sinding
mise en scène Léa Drouet

: La Pièce

Il y a dans Quelqu’un va venir à la fois de l’immensité et du vide. Mais le vide comme un espace oscillant entre liberté et errance comme dans un désert.


Les personnages se trouvent entre un exil (les personnages fuient un lieu, un monde) et la promesse d’un paradis, de la terre promise (cette maison ce bord de mer).C’est une errance dans un désert et un espoir vite troublé de trouver un paradis.


Ils sont en suspens. Et ce qu’ils attendent, ce qu’ils pressentent c’est le désastre, l’arrivée de celui qui doit venir.


C’est une atmosphère oscillante entre enfer et paradis, entre l’enfermement du couple et la liberté infinie de l’amour et au-delà.


L'écriture de Jon Fosse est une écriture qui transforme le quotidien palpable lié aux objets, à la maison, en quelque chose de diffus. C’est à la fois une écriture qui crée des contours très nets et à la fois qui porte en elle un état.


Peut-être proche d’un état d’angoisse, d’inquiétude et de vertige.


Ce sont des situations quotidiennes, ordinaires, des sentiments connus qui, en étant formalisés par l’écriture minimale et répétitive de Jon Fosse, nous donne à ressentir, à percevoir un état de vertige plutôt que de nous lier seulement à une action ou à un déroulement narratif.


La simplicité du langage, pour ne pas dire sa pauvreté, dans ses variations et ses répétitions nous emmène au delà du langage et plus près de la langue. Une langue qui se sent, qui se ressent, par laquelle on peut être touché, physiquement touché.


La jalousie est un état à la fois diffus et précis. Précis dans ce qu'il nous attache à une infinité de petits détails lourds de sens, et diffus dans ce qu'il raconte du vertige, de la peur du vide et de la mort, peur plus fondamentale. La jalousie dans Quelqu’un va venir est un état très présent. Le couple qui semble s’être éloigné du monde pour ne pas être séparé par « les autres », souffre encore au bout du monde : L’homme, l’autre, le voisin frappe a la porte.


Le formalisme de la langue et son rythme répétitif ont à voir avec le ressassement de la peur et des obsessions de la jalousie. Ça creuse, ça ressasse la où ça fait mal.


Leur isolement semble osciller sans arrêt entre un choix et une soumission, comme la musique d’un doute permanent que l’on entendrait derrière les mots. Face à un monde incertain, ils semblent avoir cru que la fuite était possible, et que, proche de la mort, au bout du monde, dans cette maison tombeau, ils pourraient s’en extraire. Mais au bout du monde ils sont encore dans le monde et pas tout à fait morts. Il reste un peu de vie qui rôde autour de la maison et va bientôt frapper à la porte, accompagnée d’un possible, et provoquant ainsi l’angoisse du doute et la suspicion.


Les personnages de Quelqu’un va venir sont entre la mort et le vivant.


C’est pour moi, une écriture à murmurer sans insister, comme dans un seul souffle. Une écriture à ressasser mais à soutenir.

Léa Drouet

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