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Pour un oui ou pour un non

mise en scène Richard Delestre

: Présentation

Bien souvent nous ne disons pas clairement ce qui nous anime profondément. Nous préférons, consciemment ou non, le faire toucher du doigt, le faire sentir, nous développons des trésors de circonlocutions pour éviter de projeter sur nos interlocuteurs une vérité souvent trop brutale ou trop violente. Et sans doute de façon paradoxale est-ce une des fonctions du langage que de poser un filtre adoucissant sur les pulsions, désirs et intentions qui nous animent malgré nous sans quoi le monde serait d’une invivable barbarie, alors que nous le voyons comme un formidable outil pour réussir enfin à exprimer et communiquer clairement notre pensée.
Exprimer sa pensée, oui, mais en lui tordant nécessairement le cou. Cela apaise, cela rassure. Alors il arrive que se fait discrètement entendre le gémissement plaintif de la sincérité qui étouffe un peu sous le voile mouillé du langage posé sur sa bouche. Mais au fond qu’en est-il? Il n’est pas forcément besoin de grandes théories ou de grands outils d’observation pour explorer ce terrain paradoxal, ni même du support d’un grand récit d’aventure pour le relater. On peut partir d’un « rien », de ce « presque-rien » comme aurait pu l’écrire Jankélévitch et à partir de ce presque-rien découvrir une ligne de fracture dont l’exploration pourrait mener au pire désastre: la remise en cause pure et simple voire l’anéantissement total d’une amitié de plus de vingt ans. Ce qui en dit long sur les forces en jeu, toutes aussi puissantes que celles qui animent des soldats sur un champ de bataille. Ce sont des forces de vie, de cette vie insaisissable et presque indéfinissable. Au-delà des mots. Et c’est précisément dans cet au-delà-des-mots, dans cet entre-mots, dans ce silence qui n’est en aucun cas vide que se loge la lézarde dangereuse et inévitable. Dans ce presque-vide qui contient le tout inexprimable.
Nathalie Sarraute parvient avec sobriété à nous donner à entendre et voir les manifestations de cet inexprimable.
Le projet de mise en scène entend respecter cette sobriété en donnant la priorité au texte. Il ne s’agirait pas de venir écraser le rien mis en avant par Nathalie Sarraute par des artifices de mise en scène qui trahiraient la subtilité de l’écriture et l’empêcherait, ainsi que le dirait H2, de « donner à réfléchir » au public. En outre, par sa forme minimale, le projet de mise en scène entend rester cohérent avec ce que tend à nous faire prendre conscience la pièce, à savoir que la forme est plus importante que le sens premier des mots pour exprimer le fond et donc l’essentiel. En tous cas que la forme va au-delà de ce qui est signifié en nous faisant sentir tous les enjeux de vie qui sont convoqués en sous-terrain. La monstruosité se cache dans les détails et il s’agira de ne pas les écraser pour donner au texte la possibilité de déployer toute sa puissante envergure.

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