Pour en finir avec le jugement de dieu, texte écrit en 1947, a été censuré jusqu'en 1973, date de sa première diffusion radiophonique. Pourquoi le monde a eu si peur des mots d'Antonin Artaud ? Car nul besoin de censurer, si ce qui est dit l’est par un homme que l'on considère fou…. On censure si la folie de cet homme s'enfonce jusque dans une lucidité sur le monde qui nous aveugle et nous empêche de rester ce que nous sommes.

Antonin Artaud nous montre du doigt l'endroit d'où vient la perte de l'homme moderne. Il dénonce la cruauté d'une civilisation qui s'est construite sur le sacrifice du corps. Par ce texte, il lance un appel : Demandez-vous sur quoi sont construites vos valeurs ? Et demandez ce que vous êtes, vous, votre corps, votre salive, votre bouche qui mange et qui parle et qui mange ? C’est la force de cet appel qui s’est imposée à nous, la puissance de cette parole plus viscérale qu'intellectuelle qui exhorte à se sentir vivant jusqu’aux fondements, qui a invoqué nos corps et nos voix sur le plateau.

Oratorio-Rock c'est ce qui pourrait le mieux illustrer la forme que nous proposons ici: quatre sur scène, une comédienne et trois musiciens - formation rock (guitare, basse, batterie) pour donner à entendre les mots d'Artaud. En associant la voix parlée à la musique, nous suivons les pas d'Artaud qui tente de retrouver un accès à notre corps, à ces impulsions, à nous-mêmes. Ce double musical n'est pas là pour illustrer le texte, ni pour le soutenir, mais il donne à la voix et au corps sur scène la possibilité de retourner aux sources de la parole, aux mots comme sons.