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Portrait d'une femme

+ d'infos sur le texte de Michel Vinaver
mise en scène Eric Eigenmann

: Un théâtre cubiste?!

Par Eric Eigenmann

Si Portrait d'une femme était une œuvre picturale comme son titre le suggère, ce serait une composition de Dubuffet – dont Vinaver se sent proche – ou l'un de ces portraits cubistes qui représentent un personnage sous plusieurs angles à la fois, un peu monstrueux. Monstrueux, tel est justement pour certains le personnage central de l'action, Sophie Auzanneau, coupable du meurtre de son ex-amant. D'un procès qui avait défrayé la chronique en 1953, l'écrivain a tiré une pièce en 1984, s'imposant d'y intégrer toutes les citations d'audience contenues dans les comptes rendus du journal Le Monde. Le résultat? Un montage complexe de dialogues fragmentaires, au tribunal et dans le passé des protagonistes, qui brasse les lieux et les époques, l'anecdotique et le fatal. Le portrait contradictoire d'une femme insaisissable -"réfractaire"- au milieu d'une galerie d'autres portraits, en tout dix-sept personnages. Et la confrontation grinçante entre le discours des justiciers et celui des justiciables, comme dit encore l'auteur, dans une machine judiciaire qu'aucun grain de sable ne semble pouvoir enrayer. Révolution dans l'histoire de l'écriture dramatique, ce puzzle de situations est une formidable école pour le comédien, qui passe sans cesse de l'une à l'autre: il lui faut préciser son action, en particulier ses adresses, être capable de mobilisations immédiates et de ruptures subites, en étroite complicité avec ses partenaires. La mise en scène de ce "portrait" polyphonique et dissonant s'attache à faire entendre au plus près les voix de chacun, mais aussi l'ironie qui surgit de leurs frottements et courts-circuits, dans l'esprit même, trop souvent méconnu, de Michel Vinaver: "La déflagration comique est peut-être ce par où passe la critique. La critique a besoin de cet espace-là, on peut appeler ça aussi un jeu".


Portrait d'une femme a été publié pour la première fois dans Théâtre complet 2, Arles, Actes Sud, 1986, créé en anglais à l'Orange Tree Theatre de Richmond (GB) en 1995 dans une mise en scène de Sam Walters, puis en français au Nouveau Théâtre d'Angers le 11 mars 2003 dans une mise en scène de Claude Yersin. La pièce n'a connu à ce jour aucune autre représentation, à l'exception d'un travail de stage de l'Ecole Supérieure d'Art Dramatique dirigé par François Germond à Genève en 1993. C'est donc à la création en Suisse de la pièce que vous assistez, pour ainsi dire...

Par Eric Eigenmann

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