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Plan B

Aurélien Bory ( Mise en scène )


: Présentation

Création 2003

Interview d’Aurélien Bory & Phil Soltanoff par Pierre Notte – mars 2012 - Publication pour Le Théâtre du Rond Point - Paris

« Dans le théâtre du mouvement décomposé, du jonglage sous influence, ou du corps dissocié, tirons des plans sur la comète »
Aurelien bory


« Une piece de theatre doit etre en permanence un accident a craindre. j’aime avoir la sensation que chaque seconde ecoulee est une catastrophe qui n’a pas eu lieu ».
Phil Soltanoff


Comment expliqueriez-vous le titre, Plan B ? Que signifie-t-il pour vous ?


Aurélien Bory : En 2003, année de création de Plan B, cette expression n'était pas aussi connue qu'aujourd'hui, elle était essentiellement anglo-saxonne, on l'entendait dans les séries, les polars ou les films d'actions. Ainsi en plus de sa signification, à savoir changer de plan quand ce qu'on a prévu a complètement échoué, le titre contient une autre dimension, liée à l'espace, à la géométrie qui est le point de départ de Plan B. Tout le spectacle repose littéralement sur un plan incliné. La dramaturgie s'est fondée sur ce principe physique, avec les moyens de l'acrobatie et du jonglage, puis s'est élaborée au cours du travail de recherche. Plan B était un nom choisi au départ, et il a révélé des sens multiples au cours de la création. Avec comme constante un rapport ténu à la gravité. Le théâtre est le seul art qui ne peut échapper aux lois de la physique, ainsi tenter d'échapper à la gravité, est l'impossible Plan B.



Y a-t-il une histoire dans Plan B ? Une trame, une narration à suivre ?


Phil Soltanoff : Oui, Une histoire existe dans Plan B, mais elle se transmet visuellement et de façon sonore, c’est une histoire sans parole. L’histoire n’avait pas été décidée avant le début des répétitions. Elle a émergé plutôt tard dans le processus de création. C’est une histoire très simple, humaine et naïve – qui rappelle le mythe de Sisyphe: se trouver confronté à un problème, apprendre à y faire face, devenir efficace pour le surmonter, et le problème change... continuer jusqu’à épuisement. Je pense qu’à un certain niveau, c’est une expérience partagée par tout le monde. De plus, une histoire abstraite permet à l’audience de s’y confronter de façon personnelle; les spectateurs y entrent par le biais de leur propre grille de lecture, de leurs propres valeurs.Je pense que l’art devrait ajouter quelque chose au monde. C’est comme le Grand Canyon. Pas besoin d’être un érudit pour l’apprécier (bien que l’érudition puisse apporter d’autres éléments à l’expérience). On l’absorbe complètement, on l’intègre par le regard, l’ouïe, et par notre relation à lui. Il devient une fondation où ériger sa propre imagination.


Comment cette confrontation entre le théâtre et le cirque a-t-elle modifié votre façon de travailler ?



Aurélien Bory : Cette confrontation a fondé une démarche autour de la scénographie qui est encore à l'œuvre aujourd'hui dans mon travail. La question de l'espace continue de m'animer, et mes derniers spectacles, Sans objet ou Géométrie de caoutchouc sont des prolongements de cette réflexion. C'est aussi tout le sens de la reprise de Plan B: donner à voir un point de départ, où les moyens du cirque sont animés par une vision plus large. Le travail avec Phil a été déterminant dans ce sens, et nous nous sommes accordés de la plus belles des manières. Je voulais m'échapper du cirque, il voulait s'échapper du théâtre. Nous nous sommes croisés en plein milieu, en dehors des cadres.


Phil Soltanoff : Je suis très admiratif des techniques du cirque, mais pas obligatoirement du cirque vu comme un art. J’ai l’impression que ça n’exige pas assez de ma part, ni de la part de mon public. Mais les compétences techniques sont indiscutables: soit vous êtes capables de maintenir sept balles en l’air, soit vous ne le pouvez pas; soit vous pouvez exécuter un saut périlleux, ou vous y échouez. Cet aspect factuel indéniable est absolument séduisant. Je pense que Aurélien ressentait la même chose, et notre rencontre a été un moyen de discuter de nos observations au travers du langage de notre travail: la création d’un spectacle. Nous avons traversé beaucoup d’aventures depuis Plan B, mais elles sont toutes restées fidèles à ce procédé déclenché par notre collaboration: simplement laisser les choses et nos relations à ces choses révéler leurs mystères. Ne pas se précipiter, ni tirer des conclusions hâtives, mais simplement laisser les choses dévoiler leur magie. Et prendre le temps de découvrir ces qualités.Un autre atout majeur du cirque est la notion de plaisir. C’est une merveilleuse expérience d’assister aux prouesses d’un circassien, et c’est toujours un plaisir. Comment est-ce que cette sensation prend part à un travail sérieux? Et je ne veux pas dire “sérieux” au sens affectif – comme sinistre, par exemple. Mais comment une exploration propulsée par les prouesses du cirque peut être envisagée dans le cadre d’un questionnement artistique. Voilà ce qui m’intéresse.

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