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Où j'ai laissé mon âme

+ d'infos sur l'adaptation de François Duval ,
mise en scène François Duval

: Présentation

Plateau nu. Une ombre apparaît dans la lumière. Car c’est bien ce qu’il est devenu aujourd’hui, une ombre. Seul, sa cantine sur le dos, incroyablement lourde de cette vie passée et indélébile, le soldat interpelle son capitaine, son frère d’arme : « Je me souviens de vous, mon capitaine, je m'en souviens très bien, et je revois encore distinctement la nuit de désarroi et d'abandon tomber sur vos yeux quand je vous ai appris qu'il s'était pendu. »


C’est une voix d’outre tombe qui parle. Ce sont les mots d’un ancien lieutenant qui peu à peu laissent entrapercevoir un patriotisme exacerbé, un nationalisme outré. Horreur. Détestation. Pourtant, sa loyauté, sa douceur et son amour pour le capitaine Degorce le rapprochent d’une humanité définitivement enfouie sous les décombres et les ruines de la guerre.


À Diên Biên Phu, il a appris à faire la guerre aux côtés du capitaine, cet homme dont il admirait encore la loyauté contagieuse et grisante. Mais « les hommes ne valent pas grand chose ». Le pathétique de ce capitaine cherchant désespérément l’irrecevable rédemption, quelques années plus tard dans les yeux d’un terroriste algérien capturé, le dégoûte. Après tout, il l’avait accepté, lui ! Devenir un bourreau. Il avait changé pour toujours. Il le savait bien. La mort des hommes qu’il fallait venger par la gégène ou la corvée de bois était à tout jamais inscrite au plus profond de son âme. Soulager son âme est impossible, le lieutenant Horace Andreani l’a compris. Son âme, il l’a laissée loin derrière lui. Mais son capitaine, lui, il n’avait pas le droit de l’abandonner. Qui était-il pour décider de rompre les liens qui les unissaient jusqu’à la mort ? Pourquoi croire encore à d’abstraites valeurs et d’illusoires principes : le respect du drapeau, l’honneur de la nation! La réalité est toute autre.


Rien ne peut plus séparer ces deux hommes, ni le temps qui passe ni même les songes. Andreani l’emmène avec lui, dans l’infernale réalité : là où « rien n’est enfoui ». Il a tout emporté avec lui, les vivants et les morts. Rage furieuse et fragilité humaine du personnage. Sincère et authentique vulnérabilité d’un amour trahi et d’une loyauté bafouée. François Duval fait entendre cette langue qui souffle et souffre. Il incarne cet anti-héros prisonnier de son amour et de sa colère vengeresse et mortifère.

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