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Onysos le furieux

+ d'infos sur le texte de Laurent Gaudé
mise en scène Charlie Brozzoni

: Présentation

Un homme est là, assis sur le quai d’un métro, à New York. Il est vieux. En guenilles. C’est Onysos. Mi-homme, mi-Dieu, il prend la parole et entame le récit de sa vie. C’est une épopée antique. De sa naissance dans les Monts Zagros à la prise de Babylone, de sa fuite en Egypte à son arrivée dans la cité d’Ilion où il décide de mourir aux côtés des Troyens, il raconte une longue succession de pleurs et de cris de jouissance, de larmes, d’orgies et d’incendies. Le temps d’une nuit, sur ce quai anonyme, Onysos le gueux, le boueux, Onysos l’assoiffé fait à nouveau entendre sa voix et se rappelle à la mémoire des hommes.




Note d’intention


Quand le chemin se creuse sous mes pieds, que je le suis tel qu’il est, parfois lisse et souvent rugueux, quand mes pieds râpent sur ce plancher des hommes, que je crois diriger mon regard comme je l’ai moi-même décidé vers le but que je me suis fixé, que je me dis que mon plaisir est l’essence de ma souffrance, en moi un être de souffle reprend place au centre même de ma chair et me rappelle que je ne suis que ce jour qui passe, suite illogique d’une éternité de chemins qui ont donné naissance au mien.


Ma rencontre avec l’écriture de Laurent Gaudé s’est faite en 2002, avec ses romans La mort du Roi Tsongor et Cris. Aussitôt j’ai lu son oeuvre théâtrale et j’ai tout de suite senti des liens qui pouvaient faire qu’un jour nos chemins se rencontrent. Onysos le furieux en est le carrefour. Carrefour non pas de deux chemins, mais de plusieurs: l’écriture, le jeu, la musique, le chant, la peinture.
Récit épique et initiatique, Onysos se déploie dans une langue enivrante qui s’élève comme un chant de douleur et de tragique solidarité chargé d’amour.
Figure archaïque des prophètes, Onysos choisit le camp des petits, des pauvres, des simples, des humiliés, des sans voix. Il démasque le silence des consciences, des conforts, pour nous faire entendre un cri profond, celui des entrailles, celui de la souffrance, de la laideur de la misère.
Dieu de chair et de sang, enfanté dans la douleur et la sueur, Onysos trace le chemin qu’il y a, de la naissance à la mort et à la résurrection, dans le geste de son corps qui se sue, tout au fond.
Son empreinte, il la laisse dans le sol, taillée dans la pierre au ciseau, peinte à la brosse sur un sol de terre, dansée dans la saleté, celle qui montre les traces du passé et l’immensité devant soi. Ses pigments sont la jouissance, la vengeance, la guerre, le meurtre, la honte et l’amour. Artaud hurlait dans sa nuit éclairée d’épouvante. Il entendait ce dieu, car en lui le cri l’appelait.
Et le dieu devenait Artaud.
Pour ce dieu, il fallait un acteur semblable, capable de la plus furieuse envie de dire ce texte, capable d’incarner ce feu qui peut éteindre l’incendie.
Cette rencontre je l’ai faite il y a 16 ans. Dans mon Paradis sur terre, Carlo Brandt y jouait Poulet. Un acteur furieux. L’écriture de Tennessee Williams lui avait offert un rôle à sa démesure. Unis par une solide amitié et l’envie de nous retrouver artistiquement, Onysos nous offre ce croisement.
Il me semble que pour donner vie à l’esprit de ce texte, il me faut dépasser la réalité du temps présent, du défilement du passé. J’aimerais créer un espace plastique et musical, que ce lieu donne naissance avec véracité à la densité sensorielle et émotionnelle, épique et poétique de ce récit, loin de tout réalisme. Un espace sonore et visuel habité par une musique électro, des chants ethniques et par un travail de plasticiens.
Ainsi, à la manière d’un aède, l’acteur racontera, récitera, chantera, dans une relation frontale au public, sans artifices de décor, dans le souffle de son corps et de sa voix, entouré du geste d’autres artistes. La musique de Claude Gomez, la voix orientale du chanteur comédien Abdel Sefsaf, les peintures des plasticiens Thierry Xavier et Renaud Jacquier Stajnowicz l’accompagneront en direct.


Charlie Brozzoni
Lyon, octobre 2005

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