OLEANNA de David Mamet, adapté par Pierre Laville, est porté par la compagnie Acte 7, avec : Kevin Messager dans le rôle de John Roxanne Davidson dans le rôle de Carol Violette Erhart à la mise en scène Florian Dacier régie son et lumière

Acte 7 est une compagnie de théâtre parisienne créée en 2019. Elle soutient plusieurs projets notamment la comédie musicale Tellement Cabaret, des spectacles pour enfants, et Oleanna. La compagnie du canal est chargée de la diffusion de ce spectacle.

Oleanna a été joué au théâtre de Nesle et au théâtre la croisée des chemins sur Paris, puis au théâtre Carré Rondelet à Montpellier et enfin au théâtre Au bout là-bas pour le Festival d'Avignon 2022.

Note d'intention de Violette Erhart J’ai découvert la pièce « Oleanna » de David Mamet en 2015. Je n’étais alors qu’une élève, à peine sortie d’école, mais déjà, la puissance de ce texte m’avait frappée. Quelques années plus tard, je vois le film, réalisé par David Mamet, et cela me frappe : c’est le moment de remonter cette pièce géniale. Ce texte est pour moi le reflet de notre société actuelle : deux êtres, deux opposés, qui ne se comprennent pas, et, malgré le dialogue extraordinaire que propose Mamet, ne s’écoutent pas et finissent par se détruire mutuellement. La relation entre cette étudiante, loin d’être naïve, mais qui subit la pression du système universitaire, qui ne sélectionne que l’élite, et ce professeur d’université, bien conscient du pouvoir de sa position, et ne se prive pas d’en abuser, est finalement passionnelle, car l’incompréhension, le mépris de l’autre mène à la haine, et la haine au crime. C’est ce que je veux montrer dans Oleanna : une relation qui tourne au désastre, car chacun est persuadé d’avoir raison et reste sur sa position, sans chercher à comprendre l’autre : pour moi, c’est typique de la plupart des gens aujourd’hui. Nous croyons qu’écouter et comprendre l’autre est une faiblesse, alors, par fierté, par orgueil, on pousse notre idée (qu’on est sûr d’être la bonne) jusqu’à en être absurde, ridicule, voire mauvais. Il y a aussi cette notion de harcèlement, qui, selon moi est essentielle de souligner. Quand j’avais vu la pièce la première fois, je prenais clairement parti pour le professeur, qui le jouait très doux et presque comme une victime. Ce n’est qu’en découvrant le jeu de William H. Macy dans le film que j’ai saisi toute l’ambivalence et l’aspect manipulateur du personnage. Après les affaires #metoo, ou encore « balance ton porc », les femmes harcelées ont enfin eu la parole libérée. Oui, ainsi malheureusement que tous les excès qui ont pu suivre. Aujourd’hui, on ne peut plus draguer une femme sans risquerde se faire traiter de harceleur ou de pervers. Il existe des applications pour se demander mutuellement l’autorisation de faire l’amour. Comme si plus aucune communication réelle n’était possible. Comme dans Oleanna. Au bout du compte, dans l’abus et dans l’excès, tout le monde a tort : les harceleurs évidemment, mais aussi ceux qui deviennent paranoïaques et se croient harcelés au moindre contact humain. C’est toute notre conception des relations humaines qu’il faudrait remettre en cause, et le texte de Mamet selon moi aborde admirablement ce sujet. Il s’agirait même d’une urgence, car changer notre regard sur l’autre, c’est changer notre regard sur nous-mêmes et sur le monde. La mise en scène que j’ai voulue simple du point de vue des décors et des déplacements, l’est beaucoup moins dans la direction d’acteur : tout se joue dans les corps, les regards, les attitudes des comédiens. La tension doit être palpable, presque sexuée, sans jamais être soulignée. Dès les premiers mots de la pièce, on comprend que cela ne peut pas bien se terminer, car c’est un dialogue de sourds, entre deux intelligences fières et impénétrables.