Pas de pause, pas de blanc, pas d'espace, pas de ponctuation. C'est l'une des formules utilisées par Sofia Dias et Vítor Roriz pour qualifier Ce qui n'a pas lieu. Ces chorégraphes et danseurs portugais, qui travaillent ensemble depuis 2006 – et que l'on a pu voir dans Antoine et Cléopâtre et Sopro de Tiago Rodrigues – offrent une pièce où se déploient en continu les mots et les corps, les paroles et les gestes. Au début donc, sur un plateau dépouillé, il y a le verbe, dont on ne perçoit d'abord que des syllabes qui tentent de prendre forme. Puis viennent les mouvements, saccadés, cassés à leur tour. Très vite les deux se superposent, opérant en frottement ou en résonance. Il en résulte une pièce qui nous emmène dans un territoire où le sens à la fois échappe et est sans cesse sollicité, explorant la pure tonalité rythmique et la puissance imaginaire des gestes et des mots.