Mes quatre autres pièces – un drame et trois comédies - se déroulent à Bastia de nos jours. Chacune d'elles met en jeu (et en question) la relation particulière qu'une communauté donnée (des gens de Bastia) peut avoir avec la parole.
Complètement débridée, et propre à révéler tout ce qui d'ordinaire est tu dans les rapports familiaux, amicaux, amoureux et sociaux dans Forza Bastia, retenue ou délivrée au compte gouttes dans Bastia l'hiver, empêchée et ainsi contrainte de tâtonner et de s'emporter dans Liberty Valance est mort, ambiguë de bout en bout dans Reprise d'un triomphe.

Cette question n'a pas lancé "Nous avons payé cher les oursins" mais en est aujourd'hui le moteur.
J'ai commencé par vouloir écrire une "vraie fausse" conférence qui aurait été commandée à Marc Aurèle par la mairie d'Ajaccio, mais dont l'objet n'aurait pas été precisé. Il est vite dit que nous sommes sur un bateau de promenade au large de la ville en compagnie de quatre autres personages, parfois à table, parfois très joueurs, parfois morts… à la fois fantaisistes et sérieux. On peut penser à des comédiens (peut-être à des amateurs pleins de bonne volonté) en répétition qui se souviendraient par moments d'Othello ou d'un autre rêve de théâtre.
Il y a de l'ironie dans le titre.
Parce que je ne sais pas si ces personnages sont vraiment comédiens (ou s'ils le sont comme des gens "atteints par une fièvre chaude") mais j'imagine qu'ils habitent dans une maison que l'on peut regarder du dehors en se disant - "Les pauvres !".
Et j'imagine aussi que tous réalisent chaque matin l'exploit de se lever, d'enfiler un pantalon et de s'engager, l'esprit libre, le coeur battant et de fort belle humeur dans une journée qui ne les mènera à rien.

Noël Casale