Poppy est une femme française d’origine africaine qui a effacé peu à peu toutes les apparences de ses origines. Sans même s’en rendre compte, elle a blanchi de l’intérieur. Ne lui reste que la peau, témoin de son histoire. Tandis que l’Histoire, avec un grand H, a enfermé la peau noire dans les siècles de l’esclavagisme.
Mais Poppy s’en fout de l’Histoire. Elle vit son histoire dans sa peau. Et dans sa boutique.
Son magasin de perruques ethniques. Le soir, seule devant sa glace, elle raconte son petit monde. Son amie d’enfance Sarah, sa mère dans la chambre voisine, et toutes les autres. Amies, clientes, noires, blanches. Les curieuses, les sans-gênes, les grandes et les petites filles. Toutes les femmes qui s’invitent dans sa vie jusqu’à la mère de l’humanité, enfin... Eve, noire, elle aussi.
Dans son miroir se reflètent aussi Joséphine Baker, Rosa Parks, Angela Davis, Oprah Winfrey. Et quelques hommes : Obama, Luther King, Mohamed Ali, Michael Jackson… Et d’autres encore, qu’elle cite en passant, mais qu’elle aime moins, moins connus et moins noirs, mais qui prétendent que l’Afrique ne serait toujours pas entrée dans l’Histoire... L’Histoire encore !
Poppy s’en fout de l’Histoire. Elle déshabille sa vie un peu plus chaque jour et change de perruque pour mieux changer de tête, à défaut de changer de peau. Comme ses clientes qui défilent en quête d’une autre apparence.