: Le Spectacle
D’après Les Trois Soeurs d’Anton Tchékhov
Nasha Moskva - qui signifie « notre Moscou »
en Russe - est l’histoire de trois êtres
contemporains qui se projettent sur Les Trois Soeurs de Tchékhov.
Fin du XIXème siècle : trois soeurs orphelines
- Olga, Macha et Irina - vivent en province
dans une grande maison à l’écart de la
ville. Dans cette ville grossière, elles se
sentent comme des étrangères et rêvent
de retrouver Moscou, lieu mythique de leur
enfance, paradis originel où elles ont grandi.
Début du XXIème siècle : trois êtres improbables
- Sabine, Edith et Bernard - oscillant
entre marginaux amateurs de théâtre
et patients d’un centre psychiatrique,
sont profondément épris de l’oeuvre de
Tchékhov, dans laquelle ils se reconnaissent
jusqu’à la fusion.
Monter cette pièce à trois en jouant non
seulement les trois soeurs elles-mêmes mais
aussi les onze autres personnages qui la
composent devient alors l’enjeu de leur vie,
comme s’il s’agissait de recoller les morceaux
d’une humanité perdue.
La structure du spectacle repose sur
l’enchevêtrement de ces deux trames
narratives, dont l’oeuvre de Tchékhov
constitue le coeur.
A travers les glissements récurrents d’un personnage à l’autre, d’une époque à
l’autre, d’un registre à l’autre, s’opère un dialogue entre Les Trois Soeurs et les
trois « êtres » ; entre Tchékhov et nous. Ce mouvement de « va-et-vient » crée une
sensation de déphasage et d’anachronisme et maintient une tension permanente
entre la recherche quasi-métaphysique d’un sens et le sentiment d’une absurdité
totale, entre le sublime et le ridicule.
Cette danse jouissive incarne peut être le seul « message » de Tchékhov : il n’y
a pas de vérité définitive, la seule vérité énonçable c’est le passage, c’est le
mouvement.
Nasha Moskva traite du besoin vital de s’intégrer dans une société donnée, celle
qui nous est impartie, tout en sentant que la part la plus intime et la plus essentielle
de nous-même n’a de cesse de nous en éloigner. Souvent avec humour, parfois
avec rage, le spectacle interroge cet « être en dehors » qui semble inhérent à
l’être humain.
En titillant constamment la frontière incertaine qui séparerait ce qu’on appelle la
norme de ce qu’on appelle la folie, Nasha Moskva pose les questions suivantes :
comment le moi originaire et singulier peut-il survivre dans une société normative
et qu’est-ce que la tentative de créer une oeuvre artistique dans un cadre institutionnel
implique ?
Nous voulons faire de Nasha Moskva un spectacle adaptable aux structures les
plus diverses : des salles de spectacle mais aussi des lieux qui ne sont pas prévus
pour le théâtre et qui portent en eux la trace d’une autre vie, d’une autre fonction
(usines, écoles, salles de fêtes).
Ainsi les spectateurs peuvent se projeter eux-mêmes sur ces trois êtres qui font surgir
le théâtre de n’importe où. Bernard, Edith et Sabine, sont fondamentalement trois
êtres en transit : l’idée de devoir nous adapter à chaque espace, d’en exploiter
les particularités et de réorganiser à chaque fois une écriture scénique qui puisse
conjuguer l’identité d’un endroit avec le propos de notre spectacle, nous excite
particulièrement.
Jouer Nasha Moskva dans un lieu, à une période de l’année et dans un horaire
permettant de profiter de la lumière du jour n’est pas indispensable mais c’est un
plus pour la représentation. La lumière naturelle englobe acteurs et spectateurs
dans la même réalité spatio-temporelle, donnant à éprouver on ne peut plus
concrètement l’un des thèmes les plus chers à Tchékhov : le temps qui passe.
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