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Must go on

+ d'infos sur le texte de Nathalie Fillion
mise en scène Nathalie Fillion

: Présentation

Mon âme a tous les âges, sauf un : celui de mon corps. Antonio Porchia


Une discothèque, un samedi soir. Sur la piste surchauffée s'exhibe un monde onirique, fait de figures imaginaires, de lambeaux de mythes et d’un présent extrapolé. Une femme armée interrompt brutalement la danse. Surgit alors une réalité mouvante, celle de jeunes gens à l’âge de tous les possibles qui se cherchent à tâtons sur le plateau d’un théâtre, aujourd’hui. Must go on est une pièce à danser, où rêve et réalité se construisent en écho. Le mythe de Narcisse court au long du texte, posant à l’Autre sa question éternelle A quoi je ressemble ? l’Autre est ici autant le partenaire que le spectateur. Le miroir tendu est à l’image du monde : à facettes multiples.




D’hier à aujourd’hui — pour demain.


Must go on est une pièce à danser. La première version de ce texte, écrite en 2005, est née de ma rencontre avec un groupe d’adolescents et un chorégraphe. L’adolescence, âge de métamorphose et de découverte de soi. Au cœur du travail d’écriture, le corps et sa présence incontournable, ce corps qui nous porte au monde, avec lequel on peut tout jouer, tout dire, jamais tricher. Le mouvement étant déjà en soi une écriture, il fallait peu de mots, de l'espace pour le mouvement, des signes du corps dans les mots. A l'écoute de ces de ces jeunes esprits, de ces jeunes corps sur le plateau, je sentais poindre quelque chose qui pouvait nous emmener au-delà de l'adolescence, quelque chose que cet âge avait à dire, éternellement, à chacun d’entre nous. Je guettais le lieu. 
Le mythe de Narcisse a surgi, il court en filigrane au long du texte, et avec lui, la question de l'altérité.


Est-elle jamais résolue ? 
Dans le mythe de Narcisse, la jeunesse importe autant que la beauté. — Narcisse est un jeune homme, qui ne se connaît pas. 
Moi est une énigme. Est-elle jamais résolue ?
 L'image de soi, le regard de l'autre sur soi, de moi sur l’autre, l'altérité, qui nous construit, nous dessine, nous définit parfois — l’altérité, source de joie et d’inquiétude.


En 2005, j’avais placée l’action dans une discothèque onirique, faite de figures imaginaires surgies de nos livres d’enfance, des réminiscences du passé et d’un présent extrapolé, un samedi soir, quand les corps s’exhibent et que la fête bat son plein. Surgissait une femme armée qui interrompait brutalement la danse, faisant exploser et basculer ce monde dans le noir. Apparaissait alors une réalité mouvante, faite de lambeaux de mythes, de cauchemar et de rêves, celle de jeunes gens à l’âge de tous les possibles, qui se cherchent sur un plateau de théâtre, aujourd’hui. Nous étions en 2005, quatre ans après le 11 septembre. Les jeunes gens avec qui je travaillais avaient vu les tours jumelles du World Trade Center s’effondrer, en boucle.


Dix années ont passées.


Aujourd’hui a changé de jour, pas de sens.


Les jeunes acteurs qui joueront cette nouvelle version ont l’âge qu’auraient aujourd’hui ceux qui m’ont inspirée il y a dix ans. Ils vont jouer Must go on, sortir de l’école où ils ont travaillé leur art, et entrer dans « la vraie vie ». C’est ce passage qu’il me faut écrire.


Je quitte Paris le 16 novembre 2015, date calée depuis longtemps, et me pose à la Chartreuse pour une réécriture. Trois jours après le 13 novembre, je relis Must go on, fébrile, intranquille. Une forme de réalité encore impossible à appréhender vient rejoindre cette fiction. — Comment faire pour ne rien trahir ? Ni la fiction, ni la réalité ? Comment être fidèle au deux, dans la noirceur du jour et la quête de lumière ?


Je me méfie de l’actualité, de sa séduction morbide et spectaculaire, de son évidence trompeuse. Dans le choc de l’événement, je change quelques mots, quelques phrases, pas plus. J’attends. J’attends le temps de l’écriture.


Février 2016. Trois mois ont passés depuis le 13 novembre. Si l’événement résonne encore, il ne m’assourdit plus. Je replonge dans la nature du projet, j’accepte la coïncidence de la fable avec l’événement. Je ne m’y soumets pas. Je me remets au travail. Le titre me guidera.


Must go on.


La nouvelle version est fidèle à la première, dans sa nature, dans sa structure, sa quête de légèreté, d’humour et de fantaisie, du minimalisme à l’excès. Par petites touches, je l’ai remise à jour. Pas plus. Tout était déjà là : la quête d’absolu, les gouffres, les inquiétudes, la joie, la quête de soi à travers l’autre, le désir de vivre, de rencontrer l’autre, de continuer à rêver, à aimer, à danser, malgré tout. Car qui choisit ses métamorphoses ? Tous ces âges du corps qu'il nous faut traverser, dans les métamorphoses du monde. Passages obligés. Fiction ou réalité. Must go on.


La Chartreuse, février 2016.

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