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Meurtres de la princesse juive

+ d'infos sur le texte de Armando Llamas
mise en scène Philippe Adrien

: Présentation

Une trentaine de personnages sont largués dans la nature. Ils font le deuil de ce qu'on appelle les années 80. Ici, on n'est pas dans La Ronde de Schnitzler. Ici, B soupconne l’existence de Z, Z est amoureuse de X et W rencontre Y. Et tout se passe sous la voûte des étoiles. Des planètes, des météores s’éparpillent, identiques aux femmes et aux hommes qui se cherchent, d'une culture à l'autre, d'un pays à l'autre.
Des princesses – juive, chrétienne, islamique, confucéenne, capitaliste – on ne retiendra que le plaisir à faire suer ce pauvre monde et à se faire suer elles-mêmes. Celui ou celle qui a pris parti pour le père périra par le père. Le père est un leurre. Pourtant l’humanité entière se fait chier à cause du père. Les princesses font obstacle à toute vie. Mes personnages essaient d’y échapper. Quelques-uns réussissent. D’autres échouent. Des destinées se tissent en pure perte. Mais n’est-ce pas l'amour la perte la plus grande à laquelle on puisse prétendre ?


Armando Llamas




Meurtres de la princesse juive, 35 personnages, 14 séquences et 10 lieux scéniques, un véritable défi ! Autour du monde une étourdissante valse des coeurs et des corps…
Nous sommes entraînés sans ménagement d’un univers à l’autre – réaliste à Mantes-la- Jolie, issu de la bande dessinée à l’aéroport, délibérément folklo au bistrot –, oscillant entre la provocation et l’émotion tantôt violente, tantôt bon enfant.
Avec un humour cinglant, Llamas traite en filigrane des hommes et des femmes, de l’homosexualité, de l’immigration, du terrorisme, de l’amertume générée par une consommation sans retenue… Il a su au milieu des années 80 anticiper les questions politiques les plus graves, violentes et urgentes d’aujourd’hui, faisant apparaître de manière éclatante que le mode de vie, les critères, les valeurs, les désirs, le jouir de l’occident – tel qu’il se prétend libéré de la religion –, est pour tant d’autres un scandale…
La lucidité sans faille Armando Llamas tient exemplairement l’esprit en éveil.


Philippe Adrien




Nous avons été conquis par l’incroyable liberté de ton de l’auteur. Son impertinence, sa fougue et son refus des convenances donnent à chaque scène la frénésie de la jeunesse, si proche de nous. Et au-delà de cette apparente légèreté, nous pressentons une véritable anticipation du durcissement de notre monde qui creuse l’écart entre les plus pauvres, contraints à des préoccupations essentielles – telle Lakshmi qui fuit le Pakistan pour être respectée en tant que femme – et ceux qui possèdent, se concentrent sur des sujets qui peuvent paraître futiles – les quatre filles désespérées d’être trentenaires. Toutes les scènes offrent la promesse d’une jubilation : celles de groupe où il faut à la fois interpréter, chanter, danser, jouer d’un instrument et créer un véritable tourbillon ; d’autres plus intimistes, d’autres encore qui, en trois coups de crayon, croquent un milieu social…


Alix Poisson et Guillaume Marquet




Armando Llamas, le moderne


Avec Meurtres de la princesse juive, Armando Llamas atteint sans doute un des points culminants de son théâtre : une écriture qui ose appréhender des formes nouvelles, une écriture exigeante de liberté. Llamas suit cette voie de manière univoque, avec la même distinction et la même force que le théâtre de Tchekhov s’est inscrit dans les temps troubles d’une fin de siècle agonisant. Dans son théâtre, le monde est regardé d’en haut, comme le font les voyageurs de l’espace et de près aussi, comme par ceux qui se penchent sur les secrets de l’atome. Et c’est l’homme, cet inconnu, jeté dans l’espace et dans le temps, qui est l’objet incontournable de cette attention. Nous sommes dans l’infiniment grand et l’infiniment petit. Dans le geste qui dévoile un caractère, dans le regard qui se surprend de découvrir dans l’autre, un « autre », plus secret, toujours inattendu. De l’observation aiguë – quasi microscopique – aux agrandissements hors cadre qu’il nous propose, nous suivons ses histoires exposées aux spots les plus crus comme aux clairs-obscurs les plus subtils de l’intimité. Des histoires qui prennent le monde comme plateau et placent le mystère de l’être au centre de l’objectif. Llamas les conduit dans des parcours qui sautent toutes sortes de frontières à commencer par celle – très culturelle – de la langue, et celle des interdits. Accompagnant ces sauts dans les pensées de ses personnages, il les initie au gré d’itinéraires remplis de trous d’air, de trous noirs, d’épreuves à surmonter. Il leur impulse un élan si tonique qu’ils n’ont pas le temps de s’arrêter : ils doivent prendre la vie comme on attaque au bond une balle qu’on vous envoie par ricochet. Cela les oblige à improviser leur propre sort. Cela les transfigure. La théâtralité naît dans sa toute puissance, elle les révèle, les pare de tous leurs doutes et certitudes : immergés dans un imaginaire digne de Borges qui ne les empêche pas de traduire le réel, ils nous font ressentir le monde, la vie, comme un sombre et rutilant artifice, comme une programmation labyrinthique. Du théâtre, oui, un théâtre axé sur une douloureuse observation de l’être humain, débordante de dérision et de compréhension ; une autre histoire universelle de l’infamie : une source de «plaisirs ».


Jorge Lavelli, postface à Meurtres,
éd. Théâtre Ouvert

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