theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Métamorphoses du vivant »

Métamorphoses du vivant

+ d'infos sur le texte de Rachid Akbal
mise en scène Rachid Akbal

: Présentation

Nous avons un passé ancestral qui fait de chacun de nos corps une portion limitée et infinie de l’histoire de la Terre, de l’histoire de la planète, de son sol, de sa matière. Je suis né. La matière dont je suis fait n’a rien de purement présent. Je véhicule du passé ancestral, et je suis destiné au futur inimaginable. Emanuele COCCIA


Pour cette nouvelle création, je voulais parler de notre rapport au vivant. Or pour moi, le théâtre est le lieu de la question. La pandémie de la Covid et le dérèglement climatique sont-ils le fait de l’aveuglement des nations devant leur obsession pour la croissance, leur plaisir de jongler avec les chiffres du PIB, leur course à l’enrichissement, à l’extractivisme ? Sont-ils les conséquences de notre éloignement du vivant ? Et comment relier mes interrogations avec ce que je définis comme mon chemin, mes propres questionnements, et mes choix artistiques ? Ma crainte était de partir sur un récit qui m’enferme dans un discours. Aussi, j’ai choisi de mêler le réel et l’imaginaire, de partir d’une récolte d’histoires, et de les tisser à une fiction.


Je commence par un prologue où je rappelle que marcher est l’action qui détermine l’existence des homo-sapiens, et leur séparation d’avec le reste du vivant. Les deux personnages féminins, Clé et la femme malgache, sont habitées par l’invisible, elles sont des passerelles entre humains et non-humains. Ovide, dans ses Métamorphoses, est bien sûr le premier - de manière très avant-gardiste - à ouvrir cette passerelle entre humains et non-humains, à décrire minutieusement les correspondances physiques et psychiques possibles de l'altération à l’altérité. Il a largement guidé mes pas au cours du processus de création. Mais je ne pouvais pas laisser mes personnages seuls porter mes fardeaux, aussi je me suis aventuré en dehors des théâtres, en artiste-randonneur à la recherche d’histoires. J’ai entrepris des voyages sur l’île de la Réunion. Durant mes voyages, j’ai écrit un carnet de voyage qui fait le récit de mon regard sur le vivant et nourrit le spectacle par le biais du narrateur que j’incarne. Depuis longtemps, mon écriture s’appuie sur des formes non-linéaires. Chamarrée et foisonnante, cyclique et pleine d’enchâssements, de flashbacks, de métamorphoses, l’action y procède par bond pour offrir une complexité narrative.


J’ai, depuis des années, dirigé mes pas vers des sujets de sociétés, construit un théâtre engageant, en me plaçant souvent au centre de mes histoires, en utilisant mon alter égo Kaci. Me situant résolument dans le cercle des artistes-auteurs, j’ai baladé Kaci sur les chemins de la grande Histoire. Avec lui, j’ai aimé questionner ce mot qu’on a souvent dévoyé : l’identité, le mettre au centre de la préoccupation de mes personnages, en faire de la matière pour le jeu et le je.


Dès le prologue de Métamorphoses du vivant, je tords le cou à cette recherche identitaire qui ne conduit qu’au vide, pour en faire ensuite le ressort de l’histoire, la quête même des personnages. La singularité de leur quête vient du fait que celle-ci va trouver sa résolution dans leur rapport au vivant. Le sentiment d’identité et le vivant deviennent indissociables, ils se nourrissent l’un de l’autre, au fur et à mesure que l’intrigue se noue. On comprend que l’identité n’est pas figée dans la naissance (une date, un lieu), que nous venons de bien plus loin que nous-mêmes, que nous sommes inclus dans une histoire qui a débuté il y a quelques millions d’années.

Rachid Akbal

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.