Tellement tentant de vouloir distribuer le monde entier selon un code unique ; une loi universelle régirait l'ensemble des phénomènes : deux hémisphères, cinq continents, masculin et féminin, animal et végétal, singulier pluriel, droite gauche, quatre saisons, cinq sens, six voyelles, sept jours, douze mois, vingt-six lettres. Malheureusement ça ne marche pas, ça n'a même jamais commencé à marcher, ça ne marchera jamais. N'empêche que l'on continuera encore longtemps à catégoriser tel ou tel animal selon qu'il a un nombre impair de doigts ou des cornes creuses.
Georges Perec, Penser/Classer

Nous savons maintenant que l'ordre et la mise en ordre dépendent avant tout de l'esprit humain. Il est difficile de penser en dehors de catégories et schémas : chaque mise en ordre est un point de vue. Mais il reste en nous la volonté de nous situer et, pour cela, de mettre en carte, en graphes, en listes, en camembert, en graphiques le monde.

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C’est un rendez-vous traditionnel mais auquel le Printemps des Comédiens reste très attaché : une création, toujours une création, confiée à l’Autre Théâtre, cette structure qui prouve année après année que théâtre et handicap ne sont pas incompatibles. Mieux : que ce regard différent, ces acteurs autres, font naître à la scène des émotions neuves. La création s’appuie sur les textes de Gilles Moraton déjà écrits et d’autres à venir. Cet Inventaire du Monde met face à face l’ordre des choses tel que la science l’établit et celui que des logiques différentes peuvent bâtir. Les briques sont les mêmes, les constructions sont dissemblables : ainsi en décident les acteurs de l’Autre Théâtre qui tissent entre les objets, les idées, des liens parfois cocasses et parfois étrangement poétiques.