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Ma Famille

+ d'infos sur le texte de Carlos Liscano traduit par Françoise Thanas
mise en scène Frédéric Simon

: Note d’intention

J’entretiens déjà une longue histoire avec ce texte : spectateur à la première lecture à La Mousson d’Eté en 1998, une création vue au Colibri en 2001 à Avignon, la frustration de ne pouvoir assister à la captation pour France Culture à Pont-à-Mousson en 2003, la version de Michel Didym accueillie dans le cadre du Festival Perspectives, des ateliers menés en milieu scolaire ou dans des centres sociaux par mon épouse ou par moi-même, et à chaque fois, le même plaisir de redécouvrir ce texte.


Et, à chaque fois, la même idée qui s’impose: la possibilité d’une forme partagée entre narration et marionnettes. La langue de l’auteur et la qualité de la traduction développent une rare capacité à générer des images riches et complexes chez les spectateurs, des espaces, des lieux, des digressions, des chemins buissonniers pour l’écoute, une respiration intelligente, qui peuvent être catalysés par la présence de figures et d’objets manipulés.


L’écriture de Carlos Liscano m’est apparue d’une rare pertinence pour voyager dans les communes du Bassin houiller lorrain. Ici la force des conventions sociales héritée du paternalisme et la prégnance de la famille dans la reproduction sociale ont modelé les comportements et la personnalité de tous les habitants. Ce modèle n’en finit plus de s’effondrer, rien ne s’envisage plus, le masque de l’avenir reste désespérément neutre sans livrer de piste. Les êtres deviennent objets, les sentiments se muent en contreparties sonnantes et surtout trébuchantes, le marché est partout, la famille n’est pas épargnée, le loup est dans la bergerie. Mais ce loup chasse peut-être d’autres bêtes qui nous dévoraient déjà au coeur du foyer. Ce havre idéalisé par nostalgie n’a jamais été aussi imperméable aux bruits de l’extérieur, il les distille au contraire et les injecte jour après jour à ses pensionnaires. Les plus grandes barbaries sont familiales, la tragédie surgit de là, de cette couveuse de la société.


L’interprétation sera portée par une seule personne, tant comme acteur pour le récitant que comme acteur-manipulateur pour les autres personnages. Les marionnettes seront au plus d’une demi-taille humaine sans anthropomorphisme particulier, les caractères seront lissés afin d’obtenir un effet de choeur. L’esthétique obtenue par La Troppa pour son « Gemelos » reste une référence qui me guidera.


Aller au plus près des « publics qui s’ignorent »: l’écriture évocatrice de l’auteur permet de produire une forme scénique simple (scénographie, lumière, espace sonore,…) capable de déployer l’imagination des spectateurs. Les théâtres et les salles de spectacles seront abandonnés au profit d’espaces de jeu soigneusement choisis, ces espaces apporteront la plupart des accessoires et mobiliers qui seront réagencés pour travestir la forme habituelle de ces lieux. La lumière et les sons seront produits par des objets du quotidien.

Frédéric Simon

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