Quatre jeunes artistes, deux français, deux grecs croisent leurs regards sur la Grèce d’aujourd’hui. Regards contemporains et européens, ils nous lèguent une part de leur vécu sur la Grèce qu’ils perçoivent, côtoient ou vivent. Regards du dedans, regards du dehors, le prisme se resserre sur leur propre existence.

Peut-on penser la Grèce d’aujourd’hui amputée de son passé, privée de sa mémoire ? Ces souvenirs qui nous définissent et nous limitent aussi. Faut-il oublier pour avancer ? Et si l’on y parvient, que nous reste-t-il ?

Pays Natal est un spectacle porté par de jeunes et talentueux comédiens. Une pièce où se confrontent humour et gravité portée par des personnages attachants et décalés, qui nous échappent parfois, dans laquelle toute forme d’émancipation salvatrice est encore possible.

Voilà mon histoire. Des batailles, puis plus rien. Des villes, puis plus rien. Des tombeaux, puis plus rien. Qu'il ne reste rien. Que tout arrive et tout disparaisse. Que des barrages s'élèvent, puis que des barrages s'écroulent. Que des aqueducs s'élèvent, puis que des aqueducs s'écroulent. Que des gymnases et des théâtres s'élèvent, puis que des gymnases et des théâtres ne soient plus que ruines.Géographie blanche. Géographie d'abord écrite, puis géographie blanche. Que tout soit écrit pour être ensuite effacé. Une immense blancheur. Immense. C'est cela, la mémoire. Avoir de quoi se souvenir, mais ne pas se souvenir. Que tout soit effacé. Ne plus savoir, ne plus avoir, ne pas posséder, ne pas pouvoir, mais être. C'est cela, la mémoire.
Dimitri Dimitriadis, Léthé, 2002