: Retrouver Adamov
Beckett, Ionesco, Adamov, la troïka fondatrice du théâtre de l’absurde a bouleversé les années
50. Une révolution du langage théâtral. De ce trio innovant, Beckett sera nobélisé, Ionesco
académisé et Adamov, reprouvé, oublié. Pourtant, Vilar, Blin, Serreau, Planchon se sont
consacrés à son oeuvre.
Pièce méconnue au titre significatif, écrite juste avant Ping-Pong, Les Retrouvailles reste une
oeuvre à déchiffrer. Un jeune étudiant en droit rate le train qui devait le ramener chez sa mère
et sa fiancée ; il est alors accosté par « la plus heureuse des femmes » et la jeune Louise. Sur
le ton du cauchemar burlesque et de la régression bouffonne, Edgar se retrouve prisonnier
d’un huis clos onirique, pris entre ces femmes qui tentent de se l’approprier.
Adamov, très éloigné de sa seconde manière dont témoignait Off Limits – que j’ai créé en
1969 à Aubervilliers –, traite les thèmes du double, du rêve et de l’inaptitude à agir. Pour moi,
Edgar, refuge ou non, est un cousin d’Oblomov ; il dort sa vie au lieu de la vivre, et quand il
se réveille, il n’est pas sûr qu’il ne rêve plus.
C’est peut-être aussi un autoportrait, le miroir déformant d’un auteur qui déclarait : « Je crois
avoir, grâce aux Retrouvailles, liquidé tout ce qui, après m’avoir permis d’écrire, fi nissait par
m’en empêcher ».
Gabriel Garran
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