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Les Bienfaisants

+ d'infos sur le texte de Raphaël Thet
mise en scène Gaëlle Bourgeois

: Présentation

Les Bienfaisants parle de l’envie d’agir, de sa légitimité, et des raisons qui poussent à aider, à s’intéresser au monde, aux causes humanitaires. Cette pièce parle aussi et surtout des relations humaines au sein d’un groupe, de l’amitié, de l’amour, de l’incompréhension, de la communication.


Quand une équipe part faire de l’humanitaire, il y a toutes sortes de raisons qui poussent ses membres à agir. Je ne parle pas d’intervention d’urgence, mais de missions de prévention, de développement. Déjà, et surtout, il y a une envie de se tourner vers les autres, de sortir de sa propre vie, de regarder ce qui se passe autour de soi. Dans Les Bienfaisants, nous tenterons de ne jamais oublier cette généreuse motivation. Mais la vraie bonté est très rare, on a besoin de reconnaissance, de raisons pour agir. Nous avons eu envie de parler de ces autres raisons : découvrir un pays, voir le pire pour se sentir mieux, se déculpabiliser, avoir l’impression de sauver le monde, se prouver que l’on en est capable. Je suis partie plusieurs fois monter des projets au sein d’une association agissant auprès des enfants au Ghana, et j’ai pu moi-même ressentir chacune de ces raisons et d’ailleurs m’en sentir coupable. Mais le plus important n’est-elle pas l’action en elle-même ? C’est cette question que nous allons nous poser tout au long du travail. Les personnages vont se rendre compte que ce qu’ils gagnent à travers cette expérience est beaucoup plus fort que ce qu’ils offrent.


Je suis partie deux années consécutives à Tafi Atome au Ghana avec l’association AFROPARTH. Accompagnée d’artistes français, togolais et avec les enfants du village, nous avons réussi à mêler nos cultures et à apprendre les uns des autres. Ces expériences en Afrique de l’Ouest ont été pour moi très importantes. Elles ont changé mon regard sur les autres, sur ma vie, sur mes envies.


De plus, il me paraissait important de placer cette troupe dans un lieu inconnu, et lointain, un lieu où il est impossible de fuir le groupe, où les individus prennent une importance énorme, où l’on se recrée une famille. Dans un autre contexte, au quotidien, ce groupe n’existerait pas, il n’a de sens que dans cette aventure.


J’axe tout mon travail de mise en scène sur la notion d’urgence, sur l’idée que c’est une situation de temps « en crise » qui va permettre d’amener les personnages à faire face à leurs contradictions. C’est leurs réactions spontanées qui va mettre au jour le conflit entre leurs bonnes intentions et la manifestation de leurs préoccupations personnelles immédiates.


La situation d’urgence dans laquelle ils se trouvent, réunis dans les coulisses d’un spectacle en train de se jouer, permet de concentrer le jeu. S’ils n’ont que quelques minutes pour se changer, entrer en scène et en même temps faire face à ce qu’il se passe à l’instant dans les coulisses, leurs paroles et leurs actes doivent être directs, précis. Ce dispositif me permet d’extraire l’essence des thèmes que je veux aborder.


Cette notion est également relayée par la scénographie. Au-delà d’une représentation réaliste de coulisses de théâtre, je cherche à obtenir l’impression d’un équipement provisoire, fragile, une tentative avec les moyens du bord de créer un espace protégé pour les comédiens. Cela me semble une façon d’évoquer l’Afrique, où tout lieu est toujours défini par son emploi, et non par son architecture : un porche de maison ou un coin de rue peut devenir, s’il le faut, les coulisses d’un théâtre ambulant. Cela participe également à créer un temps glissant, fuyant, qu’il faut organiser et gérer. Au milieu de tissus tendus pour créer des murs, sur des nattes qui cachent le sol, à côté de leurs costumes qui s’amoncellent, les personnages ne peuvent jamais vraiment s’installer, ils sont vulnérables à tout ce qui peut advenir.


Par l’urgence qui va gagner la troupe, par leur vision de la solidarité, du partage, de l’envie d’agir, je voudrais que le public puisse trouver sa place, se positionne, se reconnaisse dans chacun des personnages. Nous ne voulons pas être les prophètes d’un monde meilleur, ou les témoins d’un monde injuste, mais soulever le débat sur l’intérêt à agir. Est-ce un devoir ? Est-ce un droit ?

Gaëlle Bourgeois

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