Ici, la violence, la fulgurance du propos, poignant et tragique, m’ont obligé, pour respirer, pour faire respirer ce texte et l’offrir pleinement, à le déstructurer.
C’est avec un découpage des scènes par des interventions plus légères, par l’incision du drame avec le burlesque, délire du protagoniste, que ces respirations vont se faire.
Respirer pour mieux chanter, respirer pour mieux mourir. La maladie ramène pleinement le délire, la fièvre, les visions. C’est dans cette itération de la mémoire que se trouve le délire même, la maladie qui ronge les souvenirs et l’esprit. La folie s’installe avant la mort. Un autre choix s’impose à moi. Malgré les indications d’entrées et sorties du personnage de Julie, c’est un véritable enfermement qui se lit. Un huis-clos étouffant qui m’oblige à ne pas faire sortir les personnages de scène. Les changements de costumes se font alors à vue. Les costumes cernent l’espace de jeu, comme autant de fantôme de la vie passée, comme autant d’être qui ont abandonné le malade.
L’espace de jeu, encadré par ces « fantômes », est recouvert de tulle, mousseline et draperie blancs. Evocation du lit comme dernier lieu de vie, ces matières envahissent l’espace, l’étouffe jusqu’à la mort. Le blanc, aseptisé comme un hôpital, pur comme le paradis, va se tâcher des lumières du souvenir pour contraindre le malade jusqu’à l’atroce suffocation. Les pauses burlesques, constituées de pastiches, de parodies ou de saynètes mettront en exergue une époque, une solitude, une génération perdue.

Marc Alberto