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Le Rapport dont vous êtes l'objet

+ d'infos sur le texte de Václav Havel traduit par Milan Kepel
mise en scène Nikson Pitaqaj

: Présentation

Résumé


Josef Gross, directeur scrupuleux d’un obscur service, est le témoin impuissant de l’invasion de son administration par une langue nouvelle, le pydétypède, qui croît et prospère dans les bureaux sans que nul ne la contrôle. Pis, il est l’objet d’un rapport dont il ignore la teneur, faute de connaître cette langue. Effaré, entre contestation et résignation, Gross constate que son administration a plongé dans une spirale vicieuse au sein de laquelle l’obtention de chaque document est soumise à la possession d’un autre document qu’on ne peut obtenir sans le fameux document initialement demandé. Les nombreuses cocasseries bureaucratiques laissent voir les rouages d’une monstrueuse machine, broyeuse d’humanité. En réalité, le rapport dont Gross fait l’objet nous concerne tous, de quel rapport sommes-nous l’objet ?


Le plaisir de l'autorité


On retrouve l’alliance chère à Václav Havel entre la gravité des enjeux humains et l’omniprésence des turpitudes, entre l’inhumanité la plus flagrante et l’humanité la plus simple et organique, souvent réduite à un estomac et à un gosier, à une coquetterie dérisoire, à des cigarettes et des cigares, symboles du plaisir de l’autorité.


On retrouve les motifs du jeu des répétitions et des échos déformés donnant une impression de tourbillon infernal et infini, à une cadence infernale et d’une épouvantable drôlerie. Les cours de langue assurés par Périna montrent comment l’enthousiasme le plus sincère peut se conjuguer à une naïveté touchante mais impitoyable.


Encore une fois, Václav Havel, par son humour savoureux, ne juge pas ces personnages. Ils sont pris aux pièges qu’ils se fabriquent en toute bonne foi, au soleil d’un monde sans queue ni tête.


L'administration : une machine à broyer les individus


Le thème du personnage et de son double est totalement exacerbé. Balas et son acolyte silencieux, Kubch, évoquent immédiatement le double formé par les Lada ou les deux individus (Largo Desolato). Mais Havel brode ce thème avec des couleurs plus vives encore : l’administration et son corollaire bureaucratique se muent en machines à broyer les individus et leur personnalité, fabriquant à chacun un double monstrueux, tout aussi lâche et touchant que son modèle, tantôt plus fort, tantôt plus faible. Havel montre, avec la précision de l’horloger, les mécanismes d’une administration qui rend les hommes et les langues interchangeables, comme de simples rouages.


Une mise en scène vivante et délirante


Bien que Le rapport dont vous êtes l’objet témoigne d’un certain pessimisme, son ton doit être celui d’une comédie, jouée avec la légèreté, la distance et la bonne humeur que l’on reconnaît en filigrane dans les différentes pièces de Václav Havel. Si ces personnages ont perdu une part de leur humanité, ils ne doivent en aucun cas être robotisés, mais, au contraire plein de vie. Nous nous reconnaissons, nous rions, et c’est seulement par la suite que nous ne nous avisons du caractère tragique du reflet tendu par ce miroir délirant.

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