L’histoire d’un « homme de rien », un de ces types sans nom, sans toit ni rien, racontée par Docteur Blues et Mister Tchatche, bluesmen aveugles, amis des corbeaux. L’un d’entre eux, nommé Corvus Corax, joue les présentateurs et pour montrer sa belle voix, il ouvre un large bec et... chante le blues. Cet homme sans nom, sans toit ni rien, Mister Tchatche l’appelle Jean Lhomme. Nous croisons tous les jours de nombreux Jean Lhomme. Nous ne les voyons pas, ou nous faisons semblant de ne pas les voir. Mais eux nous voient. Nous les confondons volontiers avec les objets qui jalonnent les trottoirs de nos villes - bancs, panneaux, lampadaires, poubelles... Mais Jean Lhomme n’est pas un objet : il est le veilleur du monde.

Le Blues de Jean Lhomme, conte jazz contemporain, est la première incursion d’Enzo Cormann et Jean-Marc Padovani sur les territoires d’enfance. Accompagnés de Charlène Martin au chant et Paul Brousseau aux claviers, les deux complices ouvrent à la conscience et à l’oreille des paysages que le quotidien a usés et que l’alliance du poème et du jazz réveille, pour la joie de voir l’Homme comme si c’était la première fois. Ici, le cœur cogne, les appuis résonnent, on court ou on traîne, mais toujours on swingue, à l’assaut de son propre regard.

L’écrivain Enzo Cormann et le saxophoniste Jean-Marc Padovani ont fondé La Grande Ritournelle il y a plus de vingt ans. Ensemble, ils célèbrent l’alliance du jazz et du théâtre, de la note et du mot, faisant fi des frontières, inventant à la parole un devenir-musique et à la musique un devenir-parole.