Le Voyage à La Haye est un récit des plus bouleversants. C’est le récit d’un voyage vers la mort. Il nous touche d’autant plus que Jean-Luc Lagarce, a su donner à son écriture la force d’une voix intérieure qui résonne encore longtemps en nous, lecteurs ou spectateurs. Ce ton de voix, si juste, si vrai, nous rend conscients, de la brièveté et de la précieuse valeur de la vie. A l’instar de tous nos camarades portés disparus sur le front du désespoir, emportés avec leurs idéaux et leur fraternelle amitié, loin de l’occident où l’argent sert d’idéal, loin de l’orient qui nous enferme dans ses religions d’état, dans cet entre monde dont nous avons tous rêvé, comme paradis définitivement condamné parce que nous n’avons pas su le construire. Nous restent leurs prénoms et des souvenirs que nous égrenons comme prières aux dieux sourds qui ont emporté leurs jeunes vies. Et jeunes, ils le demeurent pour jamais, avec leur lucidité et leur renoncement tandis que nous, nous restons ici, à devenir vieux, figés dans nos impuissances. Pour eux, pour nous, pour nos enfants qui grandissent à leur tour, nous voulons entendre et faire entendre ce Voyage.