Propos

Philomina a déménagé. Sa maison est en chantier et se trouver de nouveaux amis dans une nouvelle école n’est pas une mince affaire. Et puis elle se gratte, se gratte encore, et les mots se mettent à lui échapper. Qu’importe, Philomina a son royaume à elle : un Roi et sa fille, une princesse et son père. Dans son monde en mouvement, le bégaiement fait naître une langue poétique, le grattement ouvre au voyage, l’odyssée d’une rencontre avec l’autre se déploie. « Dans mon Ulysse à moi la langue est agile et s’agite Elle est esquif radeau glisse et fend les flots J’en suis la capitaine médusés vents et marées me voient aller », Philomina

Lumière et scénographie

Une lumière vidéo pour un parcours dans lʼunivers intérieur du personnage, interroger les notions de territoire, de frontière et suivre l’ouverture à l’autre du personnage.

Mon choix a été dʼintégrer le personnage dans un univers onirique et ludique. La création vidéo est envisagée comme un partenaire de jeu. Elle évoque le mouvement des émotions et l’univers intérieur du personnage en dialogue avec l’extérieur.

Sur scène une poudre blanchâtre, surface de projection vidéo. Cette matière qui s’échappe du corps du personnage évoque les tensions qu’elle cherche à évacuer pour les transformer. La matière, malléable, permet de créer des volumes sur le plateau et de dessiner le territoire intérieur de Philomina. La fermeture du royaume se révèle ; le parcours du personnage l’amènera à en modifier les contours pour créer des ouvertures.

Des prises de vues de type documentaire au sein de friches urbaines Les territoires de friches urbaines et de délaissés me fascinent par leur force dʼévocation. Ces no manʼs land parlent de la limite, de la frontière entre nature et culture. Ce sont des zones refuges, une respiration dans les cadres trop serrés qu’engendrent l’organisation en société.

La forme du personnage Philomina

Le costume et le maquillage, élaborés pour le précédent spectacle, sont réutilisés. Les matières et couleurs choisies pour le costume évoquent une féminité non caricaturée. La forme choisie se rapproche de celle dʼun costume traditionnel de mime. Elle met en valeur la sensibilité, la gestuelle de ce personnage. Elle contraste avec le choix de maquillage qui offre, avec lʼabsence de nez rouge et par sa stylisation, une identité contemporaine à ce clown.

Ce contraste crée un hors temps qui nourrit la singularité du personnage. La couleur claire du costume offre, comme la poudre blanchâtre sur scène, une surface de projection à la création vidéo.

La contrainte dʼune écriture scénique en lien avec le public

Le jeu clownesque se développe en lien avec le public.

Ce jeu sʼappuie sur lʼorchestration dʼune double partition : textuelle et gestuelle. Cette dernière partition sʼélabore autour du texte.

Le jeu avec le public sʼintègre à lʼécriture scénique. La mise en scène doit alors être mise à lʼépreuve du public au cours de différentes représentations avant de prendre sa forme définitive.

Lumière et son

Soutenir le jeu, créer une étrangeté, mettre en suspension les repères de temporalité Le rôle premier de la lumière est, dans ce cadre, dʼéviter au jeu du personnage dʼêtre complètement absorbé par lʼimage vidéo. En outre, la création lumière doit se plier aux contraintes techniques de la vidéo en évitant toute projection directe sur les surfaces - écrans. Le risque est en effet dʼ « écraser » lʼimage et de lui faire perdre de sa qualité de définition et de densité de couleurs. Le dispositif privilégie donc les lumières latérales. Il est destiné à accompagner le jeu scénique et le jeu avec le public.

La création sonore soutient lʼenchaînement des images (bruitages), crée une intéraction ludique pour le jeu. En plaçant le personnage dans un univers visuel et sonore singuliers, un hors temps se crée dans le spectacle. Le personnage est alors mis en situation de devoir apprivoiser le temps qui passe.