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Le Rêve d'Anna

+ d'infos sur le texte de Eddy Pallaro
mise en scène Bérangère Vantusso

: Note d'intention

Une fable sociale et enfantine

Anna vit seule avec son père qui cherche du travail. La nuit, elle rêve d’un cheval blanc avec qui elle parle et qui la réconforte. Son amie Louise, elle, est visitée par un taureau brutal qui lui apparaît en cauchemar. Le Cheval et le Taureau se connaissent de longue date, vieux rivaux des rêves. Le premier est une force «pure» de la nature, le second une force brutale du pouvoir. Anna ne sait pas toujours distinguer le rêve de la réalité, ce qui lui cause quelques soucis au quotidien, notamment à l’école où les autres ont du mal à la suivre. Son père l’écoute et l’accompagne autant qu’il peut dans ses méandres. Lui a ses propres préoccupations : il passe des entretiens d’embauche avec Mac and Mac, deux directeurs des ressources humaines d’une entreprise immorale. Très vite, ces entretiens prennent la tournure d’une mascarade cynique. Le père d’Anna va faire le choix douloureux de refuser le poste qu’on lui propose et d’affirmer sa dignité face à une société triviale et « monstrueuse » guidée par le pouvoir, l’argent et le mépris de l’autre.


Le cauchemar éveillé du père est comme un écho au rêve d’Anna. Tout est double dans la pièce d’Eddy Pallaro, chaque personnage, chaque entité du récit trouve son complément, son contraire, ou son équivalent. Le cheval et le Taureau, l’adulte et l’enfant, l’imaginaire et le réel, le rêve et le cauchemar, l’école et l’entreprise. Tout est double et pourtant rien n’est binaire, et c’est bien là que la pièce atteint sa dimension philosophique. L’échelle des valeurs « convenues » est remise à plat, avec beaucoup d’humour et de tendresse, mais sans complaisance.


A travers cette fable sociale et enfantine, c’est la notion même de Valeur qu’Eddy Pallaro interroge avec les jeunes spectateurs. Au fond, qu’est ce qui est « vrai » ? Est ce que le cheval du rêve d’Anna existe moins que les recruteurs de son père ? Qui sont vraiment les forts ? Ceux qui ont le pouvoir ? Et qui sont vraiment les faibles ? Ceux qui n’ont pas de contrat à durée indéterminée ? Le réel est une notion très relative, à chaque individu correspond un réel. Celui des enfants et celui des parents sont sans doute très différents, mais ne pourrait-on considérer que l’un n’est pas plus important que l’autre, qu’il n’y a pas à établir de hiérarchie entre ces deux-là… N’y a t’il pas un endroit où ces deux réalités peuvent se rencontrer et se nourrir l’une l’autre ?


Le rêve d’Anna est construit comme une grande broderie, un réseau savant et précis de motifs multipliés qui composent une histoire. Comme toutes les broderies, Il y a deux faces : celle que l’on regarde, « la belle », et l’autre, « la moche », celle que l’on cache, pleine de noeuds et de couleurs mélangées. Pourtant, pas de jolie face sans son envers. Eddy Pallaro nous invite à changer de point de vue sur les choses, à les regarder d’ailleurs, de plus haut, de plus bas, depuis la colère, ou depuis le rêve, depuis les yeux d’Anna, de son père, du cheval ou du taureau. Ces acrobaties de la pensée éclairent le monde autrement, ni mieux, ni moins bien (car le « mieux » et le « bien » ont été renversés), mais avec un vrai souffle poétique et théâtral.


Monter Le rêve d’Anna aujourd’hui répond pour moi au désir d’aborder toutes ces problématiques avec les jeunes spectateurs. J’ai envie d’investir théâtralement le décalage qui existe entre différentes façons d’appréhender le monde selon que l’on est un adulte ou un enfant. Il me semble aussi que la question sociale, et particulièrement celle du travail et du pouvoir (son corollaire) mérite d’être abordée avec le jeune public car elle fait partie de son quotidien.


Le rêve d’Anna est aussi une pièce idéale pour élargir encore le travail sur l’hyperréalisme que j’ai entamé en 2006 avec l’équipe de la compagnie trois-sixtrente. La pièce propose de mettre en scène DEUX réalités (celle d’Anna et celle du père) et c’est une immense porte ouverte aux marionnettes hyperréalistes avec lesquelles nous travaillons. Les personnages liés à Anna seront « joués » par des marionnettes (y compris le cheval et le taureau) et les personnages liés au père le seront par des acteurs.

Bérangère Vantusso

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