Ce texte est une adaptation du Pays lointain, pièce de Jean-Juc Lagarce achevée en 1995, année de sa mort. A l'heure d'aujourd'hui, cette pièce n'a encore jamais été montée, du fait sûrement de sa longueur.
Nous avons donc décidé de nous lancer dans l'aventure de l'adaptation d'un pièce qui nous avais touchés, en restituant au mieux le propos, la langue et la fable et en veillant à ne perdre l'essentiel de l'univers de l'auteur.
Ce qui touche chez Lagarce, c'est son extrême lucidité sur l'homme. Il se sert du théâtre comme d'un laboratoire de l'être humain. Ici le théâtre retrouve ses fondements originels : il est l'instrument, au-delà du monde et au-delà du temps qui permet de disséquer les mouvements de pensée de l'homme.
Ce qui est donné à voir devient alors un reflet distancié et poétique de l'homme pris dans l'étau entre ses propres actes et le jugement que le monde en fait.

C'est à travers l'histoire de Louis, jeune homme qui revient voir sa famille pour annoncer sa mort à venir, que Lagarce a construit la fable du Pays Lointain. C'est donc l'histoire d'un retour. D'un retour aux origines, d'un voyage douloureux qui évidemment, rapidement, se soldera par une pluie de reproches et de jugements à l'encontre de son initiateur, finissant même par écourter son séjour.
A sa manière, Lagarce nous rapelle que l'on ne peut pas fuir son passé. Il nous rattrapera toujours. C'est à la fois notre terreau et notre boulet..., il nous définit à jamais et nous devons alors nous arranger avec ces marques, ces traces.
Durant la pièce, Louis va se souvenir de toutes ces personnes qu'il a rencontrées, de toutes celles qui constituèrent l'essentiel de sa vie. C'est ainsi que les morts et les absents revenus du souvenir, côtoieront les vivants le temps d'une représentation.

Là, où on s'attendrait à du pur drame donné en jachère, on trouve une remarquable analyse des relations humaines et plus particulèrement familiales, un regard précis et intime qui met en lumière à la fois l'aspect tragique et l'aspect comique de ces rapports complexes où haine et amour se mêlent.