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Le Menhir

+ d'infos sur le texte de Jean Cagnard
mise en scène Eric Goulouzelle

: Présentation

Parce qu’il ne se satisfait pas du silence de son père, le fils abandonne pour un temps femme, enfants, travail pour planter sa tente devant la maison parentale, puis par se planter lui-même dans le jardin. Il ne repartira pas sans avoir parlé au paternel. Il va se solidifier, s’il le faut. Entre les deux hommes, la mère fait le messager, transporte les paroles de l’un à l’autre, en y plaçant ses propres vérités si bien qu’on ne sait pas très bien ce qui est réellement livré. Il faut pourtant lui faire confiance, c’est sur elle que repose la solution. Et puis il y a le passé aux alentours qui semble peser de manière concrète : l’usine qui a disparu, délocalisée, en laissant un grand trou dans les gorges et dans le ciel.




Note d'intention


La déception. Celle d’un fils, à propos de son père, de sa mère. Celle d’un père, d’une mère, à propos de son fils, de leur fils. Deux grandes figures. Celle du fils, tout d’abord. Il était parti. Il est revenu. Il veut des réponses. Forcer le père au dialogue. Comme une figure de la question sans réponse. De la vie qui déborde, de l’action briseuse de silence. La figure de la mère ensuite. La mère gardienne du temple, gardienne de la tranquillité. Avant-poste contre la chienlit. Une troisième figure, importante, bien qu’invisible, celle du père, figure du silence. Et une dernière petite figure, celle du chien, qui, à la manière des chiens de Cervantès, vient, le temps d’une petite scène, faire son petit commentaire sur la nature humaine. La langue de Jean Cagnard m’est précieuse parce que le drame, le désespoir, la mélancolie y sont toujours tenus à distance. Une distance élégante, parfois teintée d’ironie, comme s’il fallait ré-enchanter le verbe, faire semblant, même si la conscience de la dureté du monde est totale. Elle est réduite ici à l’essentiel. Les répliques sont comme des flèches que les protagonistes se balancent par-dessus la muraille de cette maison ouvrière assiégée. Ou, pour faire moins dramatique, elles sont les balles du match auquel se livrent le fils et la mère. Coup droit, revers, amorti. Et pas de nostalgie dans ces échanges. Les lendemains n’ont probablement jamais chanté, même en Chine.


Les images développées dans le texte, métaphoriques, fantastiques, sont alléchantes pour un marionnettiste. La Mère se démembre petit à petit. Le fils, après avoir dévasté le jardin, s’enflamme, puis se minéralise. La maison s’écroule. Il faudra en trouver la juste transposition pour laisser un maximum de place aux acteurs. Car c’est avant tout d’eux qu’il s’agit. Il faut une actrice et un acteur qui n’ont pas froid au texte. Car il est compact, rythmé, sportif. J’ai l’envie de travailler leur corps, en faire des figures, comme pour retrouver un théâtre archaïque qui permettrait peut-être l’utilisation d’objets marionnettiques tout en restant proche des acteurs. Envie de travailler les matières, terre, pierre, feu, peut-être…


J’envisage l’espace de jeu comme le lieu du match, le grillage du jardin faisant office de filet, histoire de trouver la distance qui permettrait l’humour. Il y a quelques passages où nous devrions pouvoir rire. J’aimerais ça. Il faut, dans tous les cas, que tout concoure à l’inévitabilité du texte. Que nos oreilles ne puissent pas l’éviter.


Éric Goulouzelle, mai 2017

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