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Le vent se lève (Les Idiots / Irrécupérables?)

David Ayala ( Mise en scène )


: Note d'intention

Sept ans après l’aventure de Scanner (Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu), qui a « galvanisé » les publics d’une façon tout à fait inattendue (!), il nous est apparu évident d’en écrire et d’en fabriquer la suite, la continuité. Pour nous, cette évidence s’inscrit dans la cohérence de la « logique de l’imagination » chère à Debord. Ce qui a fait la force de Scanner c’est la pertinence de son propos et l’impact qu’il a eu sur chacune des personnes des publics concernés, après ces 5 ou 6 années, le monde n’est toujours plus le même et jamais plus comme avant.
Dans Scanner, tout l’édifice des théories et des films de Debord rendaient compte en les analysant et en les décortiquant, de tous les systèmes d’aliénation des sociétés spectaculaires marchandes.


Avec Le Vent se lève nous voulons aller plus loin, pour tout dire dans l’au-delà de la simple constatation de cette aliénation : montrer comment cette aliénation a incorporé (et décorporé) les individus, les a phagocytés, et littéralement dévorés (de l’intérieur et par l’extérieur) pour en faire des êtres quasiment post-humains. Cette aliénation planétaire a un nouveau nom : Les Idiots.
Pour aller vite l’Empire décervelle, rend fou et obèse et globalement idiotise. C’est un amer constat. Simpliste et vérifiable à la seconde, où que vous regardiez. L’Empire peut se permettre aussi, après les avoir rendu fous, d’assassiner les gens. Mais avant cela il y a le stade de l’idiotie. Lorsque tout référent idéologique a disparu, lorsque l’amnésie de l’histoire a asséché les consciences, lorsque le politique a essoré les corps et désespéré les esprits, lorsque l’ultra consommation et l’ultra médiatisation ont pris entièrement possession du monde, comme une religion révélée, et lorsque le virtuel est devenu le nouveau «shoot» des masses, alors nous assistons à la naissance drolatique et pathétique d’un nouvel être, d’une sorte de mutant emblématique qui peuple toutes les rues et les maisons de notre monde et qui jouit d’une souveraineté sans borne : l’idiot.


Le spectacle va s’employer à traquer et montrer sur scène les comportements d’abord dits « normaux » et « anormaux » des citoyens-spectateurs décrits par Debord en son temps, puis de voir comment le curseur de l’histoire a fait déraillé la machine de l’Empire pour arriver à notre monde peuplé d’idiots. C’est-à-dire selon la définition du dictionnaire, des êtres privés de leur capacité d’intelligence et de discernement par une puissance oppressante. Montrer cela d’abord dans le comportement banal puis forcément déviant de tous les actes quotidiens (habitat, santé, nourriture, relations affectives et sexuelles et systèmes de représentation de l’individu) mais aussi, dans les nouvelles tendances de la société marchande : le délire planétaire télévisuel, les jeux vidéo, le politique, le médiatique, le culturel et l’artistique. Montrer comment les corps et les esprits sont possédés par leurs addictions consuméristes et les plonge dans des transes de dépossession d’eux même : ne s’appartenant plus, et rendant corps et âme allégeance à cet obscur objet du désir : la chose matérielle magiquement convoitée, c’est-à-dire la vénération du vide. Le monde dans sa globalité tel que nous le percevons aujourd’hui doit pouvoir se retrouver dans la transposition que nous en ferons dans Les Idiots. L’idiotie dont nous allons traiter ne désigne pas une maladie mentale, même si dans son mode d’apparition elle peut en prendre certains aspects. L’idiotie dont nous parlons est un syndrome sociétal provoqué par une addiction proposée par un système politico-économique qui est le système de l’ultra libéralisme. Nous sommes tous atteints de ce syndrome à partir du moment où nous vivons dans l’Empire.

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