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Le Baiser de la veuve

+ d'infos sur le texte de Israël Horovitz traduit par Eric Kahane
mise en scène Tony Le Guern

: Note d'intention

Le Baiser de la Veuve est la troisième pièce d’Israël Horovitz que je mets en scène, après L’Indien cherche le Bronx en 1995, puis Clair Obscur en 1998.
Mon immersion dans l’univers d’Horovitz, au-delà de l’aventure théâtrale, ne pouvait que m'inciter à mieux connaître l’homme. Nos conversations et son humour m’ont permis de comprendre l’auteur et ses non-dits. De cette rencontre et de cette amitié est née l’envie de renouveler ce défi et de m'engager aujourd'hui dans la création du Baiser de la Veuve.
J'ai choisi cette pièce parce qu'elle bouscule nos questionnements et nos émotions. Elle nous est livrée comme un témoignage authentique qui nous interroge avec effroi sur le sexisme, les violence faites aux femmes, les blessures qu’elles laissent, et sur les liens ambigus qu’entretiennent victimes et bourreaux.
Mon intention est de toucher le public à travers ce sujet sensible les « tournantes », malheureusement d’actualité, et de promouvoir un théâtre de l’humain et de proximité. L’avènement d’internet et des nouvelles technologies, permet aujourd’hui d’être au courant de tout et en permanence. Nous sommes inondés de fait-divers qui, paradoxalement, nous rendent imperméable aux emotions que ces évènements devraient suciter en nous.
Le Baiser de la Veuve est un huis clos cinglant sur la vengeance et le pardon. A la recherche d’un apaisement interieur, Betty vient pour trouver des réponses aux questions qui la hantent, pour essayer de comprendre et peut-etre pour pardonner. Mais quand Betty se retrouve face à ses fantomes du passé, un désir humain de se venger la submerge.



Betty - « Pendant des années entières, je suis restée comme un zombie, à tourner et retourner la même question dans mon esprit : « Pourquoi moi ? Pourquoi m’ont-ils choisie moi ? Est-ce que par hasard, tout au fond de moi, j’avais provoqué ça ? Est-ce que je l’avais cherché ? Je souriais trop ? J’étais trop gentille ? J’avais l’air d’une fille facile ? »
Betty - « Non, je n’avais pas d’idée en tête, aucun projet de vengeance en arrivant ici ce soir. Mais après cette petite réunion, j’avoue qu’il me vient des idées. Maintenant j’aimerais vous tuer tous les deux. J’aimerais vous voir souffrir tous les deux, vous voir mourir, vous voir morts. »
La vengeance refuse l’oubli pour s’inscrire dans la haine. La société ne venge pas, elle proclame la culpabilité et punit par l'enfermement, affirmant ainsi que le coupable peut s'améliorer pour se racheter. La vengeance serait plus physique, le pardon plus intellectuel.
Pas facile d'oublier, et surtout de pardonner l’impardonnable, de mettre la raison au niveau des émotions, de considérer nos agresseurs comme des êtres humains avec leurs fragilités, leurs faiblesses et leur dignité, même si leur geste reste insupportable. Une démarche longue et difficile mais qui permet de se donner l'autorisation de passer à autre chose.
Bobby - « Je… je te demande pardon… Tu sais, moi j’en ai jamais reparlé, même quand George remettait ça sur le tapis… j’avais honte… J’aurais voulu que ce soit jamais arrivé. Betty, il faut que tu me croies… Ce qu’on a fait, c’était pas bien, je sais… mais eux, c’était sale… moi je voulais que ce soit joli, parce que je t’aimais. J’ai jamais aimé une autre fille que toi. Tu as toujours été la seule, Betty. La seule. »
Betty - « Je te pardonne, Robert… »


« Le pardon est là précisément pour pardonner ce que nulle excuse ne saurait excuser, il est fait pour les cas désespérés ou incurables » - Vladimir Jankélévitch

Tony Le Guern

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