Le 20 Novembre raconte l'histoire de Sebastian, un jeune homme de 18 ans, qui se prépare à tuer le plus grand nombre d'élèves et de professeurs dans son ancienne école. C'est à partir du journal de Sébastian que Lars Norén a créé cette pièce.
Pourquoi lui comme d'autres jeunes décident un jour de tuer?
Pour tenter de répondre à cette question, le comédien et moi-même nous sommes tout d'abord imprégnés du sujet par le biais de films documentaires, de vidéos, de lectures, de peinture mais aussi de musique... Ce faisant, nous avons pris conscience de l'ampleur de la banalisation de cette violence.
Cette violence, que nous pourrions qualifier de barbarie, existe dans notre société, à l'école, à l'écran, dans les jeux vidéo, dans la rue… Ce qui nous apparaît primordial c'est de tenter de comprendre le crime de Sebastian plutôt que de le juger.

Ce massacre n'est pas défendable mais nous pensons qu'une partie de la solution réside dans la compréhension et la prise en compte de cette souffrance trop souvent ignorée. Pour commencer le travail au plateau, j’ai choisi un acteur, un tabouret, un chronomètre, un rouleau de gaffer, une console de jeux vidéo et une arme.
L’acteur s'adresse au public, lui pose des questions, tente de leur parler vraiment. Au fil du spectacle, les spectateurs deviennent moteurs et instruments vivants pour lui.
J’ai utilisé des improvisations dirigées pour trouver ce qui chez le comédien peut être en lien, dans son vécu et à son échelle, avec la solitude, la violence et la colère.
Nous avons aussi travaillé le corps du personnage et sa diction, son rapport à la parole avec précision et exigence.

J'ai aussi choisi cette pièce car l'écriture, la langue de Lars Norén me touchent et me convoquent à quelque chose d'intime et de nécessaire.
J’ai l’intime conviction que ce texte prend un sens vraiment très fort s’il est dit « ici, maintenant », car il est toujours autant d’actualité. Il puise sa force dans cette urgence, cette nécessité.
Le 20 Novembre est un cri de détresse, qui est poussé aujourd'hui mais que nous refusons trop souvent d'entendre.
Malgré son caractère dramatique, il est également possible d’y entrevoir une dimension plus optimiste car si nous arrivons à vous le faire entendre, c'est qu'il n'est pas trop tard.

Judith Zins