Quelle est la plus grande peur d’un objet ? Ne pas servir ? Être un déchet ?

Dans ce spectacle, la tige d’un coton-tige et un gobelet racontent leur périple jusqu’au paradis du plastique, un processeur et un disque dur tentent de comprendre pourquoi ils attendent, une boîte de beurre a peur d’une salade qu’il prend pour un extra-terrestre, un ours en peluche est constamment embêté par un robot bavard, deux petites robes se retrouvent dans une brocante, une balle se prend pour un grand poète tandis qu’un sac en plastique tente de survivre dans un arbre...

Avec cette pièce, j’espère éveiller chez les enfants mais aussi les adultes, des interrogations sur notre rapport aux objets du quotidien. Tout objet est un futur déchet, celui qui le possède est moralement responsable de son devenir. Or, si la nature ne produit aucun déchet parce que tout s’inscrit dans un cycle de renouvellement permanent, l’humain en produit à outrance. Fabriqués à la chaîne, les objets sont bon marchés, irréparables et obsolètes en quelques années, quelques mois, voire quelques secondes pour les jetables. Ils s’entassent donc, délaissés, oubliés aussi bien dans nos placards que dans nos décharges ou dans les océans ; ou bien ils sont brûlés et les incinérateurs déversent dans l’atmosphère des fumées toxiques. L’abondance de confort d’une partie de l’humanité génère une déferlante de déchets ayant des conséquences sanitaires sur l’ensemble du vivant présent sur la planète Terre. Partant du principe que les injustices mènent aux révoltes, j’ai imaginé que les objets, injustement oubliés ou jetés, avaient acquis la capacité de se révolter. Tomato le pot de ketchup, pense pouvoir se faire entendre de ses créateurs en fédérant les objets-déchets et en envahissant le monde des humains, par la mer, par les airs, par tout les moyens même microscopiques.