D'abord, pourquoi un poème plutôt qu’une pièce dialoguée pour évoquer le destin tragique d'Orphée. Parce que c'est de lui qu'il s'agit ! Lui dont le charme passait avant tout par la voix. On ne connaît d'ailleurs pas de tragédie qui porte son nom et le chef d'œuvre monteverdien n’est pas à proprement parler un opéra, mais bien plutôt comme l’indique son titre une fable en musique.
Ainsi s’est imposée l'idée de confier l'écriture du poème à Jean-Pierre Siméon qui connaît les exigences de la "poésie mise en scène". Il a su trouver la justesse entre le récit de la vie du poète et la versification libre. En s’accompagnant du genre des Métamorphoses d'Ovide, sans jamais tomber dans le piège du "à la manière de" il réussit à interpréter le mythe d’Orphée.

La poésie se fait alors quotidienne et confidentielle aussi bien que contemporaine. Jean- Pierre Siméon met le poème dans la bouche d’un vieux compagnon du poète assassiné. Il raconte leur errance commune après que son maître a définitivement perdu Euridice. Remontant le temps, il invente un passé à Orphée, puisque nul texte ancien ne nous est parvenu.

L’ensemble compose une rapsodie dans laquelle se mêlent à la voix du conteur, des musiques de l’âge d’or vénitien qui évoquent, à leur manière aussi, le poète errant.

La représentation de ce récit musical se concentre entièrement sur le héros et dans ce qui l’a rendu exceptionnel et inoubliable à ceux qui l’ont entendu : sa voix.

Nous l'entendrons en direct bien sûr cette voix, elle sera l'élément spectaculaire unique de la représentation. Le chanteur et sa voix seront entendus, regardés, écoutés comme un évènement théâtral en soi, magnétisme fondateur et expérience exceptionnelle pour les auditeurs.