: Présentation
NOTE D’INTENTION DE L’AUTEUR
La maison aux chats n’existe pas, c’est la fine pellicule de fiction qui protège mon histoire. J’ai grandi dans un F5 de type HLM, saturé d’objets que personne ne pouvait se décider à jeter, et où les animaux de compagnie remplaçaient progressivement les hommes. Il y a un an, j’ai décidé de raconter cette étrange cohabitation en esquissant le portrait des deux figures prééminentes de mon enfance et de mon adolescence: ma mère et ma grand-mère. Mais j’ambitionnais une forme plus décalée et plus trouble que celle du monologue. Je voulais confronter mon récit aux trois problématiques centrales de mes travaux ces dernières années : aléatoire, improvisation et imitation. Alors, en plus de présenter à mes collaborateurs un récit elliptique et fragmenté, je leur ai proposé deux chats comme condition de l’aléatoire, un travail de vidéo pour l’imitation, et un travail en direct sur le plateau. Mon travail est donc de faire parvenir au public une histoire intime, tout en restant perméable aux propositions de mes différents partenaires. Le tout est parfois fragile et inconstant, mais c’est cette hésitante restitution en direct que je recherche. Me confronter chaque fois à la difficulté de raconter, autant que de soutenir le regard d’étrangers pendant que je travaille.
Elsa Hourcade
NOTE D’INTENTION DU METTEUR EN SCENE
Ce que nous recherchons est simple comme « Je me souviens ». Faire qu’Elsa
Hourcade nous raconte vraiment son histoire. Qu’elle vienne tout près de nous, et
qu’elle nous parle, avec ses propres mots, de son enfance à elle. Ce que nous
recherchons est quasi impossible. Faire que ce soit chaque fois la première fois.
Improviser presque tout. Se mettre entre les griffes des chats. Espérer que la magie
de l’imprévisible resurgisse au jour J… Le tout pour mieux ouvrir l’oreille. Ce que
nous racontons est la vérité nue. Rien d’inventé. Que du passé et du palpable ;
quarante détails pleins d’amour maladroit.
Ce que nous jouons est une suite de métamorphoses. Elsa se change sur scène
comme elle en a envie. Autour, des images rêvées, volées, projetées en désordre. Des
airs qui changent sans cesse. L’envie constante de jouer la vie des autres…Tout ce qui
fait une enfance, donc. Nous nous mettons à trois pour n’en raconter qu’une. Il fallait
au moins ça.
Benjamin Dupas
NOTE D’INTENTION DU VIDEASTE
A l’origine une demande : celle d’images volées avec une caméra vidéo, dont les
protagonistes seraient sur scène l’objet d’imitation d’une actrice. Diffusées dans un
moniteur qui tourne le dos au public, elles ne pourraient être vues que par elle. Ces
temps d’imitation viendraient ainsi interrompre le récit, comme on coupe la parole à
quelqu’un, lui proposant – lui imposant – une digression. Afin de commencer le travail
de plateau, j’ai donc capté, enregistré des images, événements simples s’il en est, d’un
corps, d’une personne, toujours inconnus. Et à mesure que le travail avançait, le statut
de ces images s’est complexifié. Très vite elles ne viennent plus seulement interrompre
Elsa, mais se ramifient aussi, à partir d’elle, en un paysage autre et extérieur.
D’invisibles pour le public, elles deviennent alors visibles, diffusées au plateau sur un
écran. Dans cette nouvelle configuration, il s’agit pour moi de faire insister ces images,
parfois même jusqu’à la fausse note – persistantes au point de devenir comme des
langues mineures. Langues qui raconteraient sans mots, mais avec des sons et en
images, d’autres histoires en marge de cette maison. L’enjeu de la vidéo est sans
doute dans ces passages répétés entre l’intervention dans l’intimité même du
récit et la composition en direct d’un hors champ possible.
Yoana Urruzola
Thèmes : L’enfance, la transmission par génération l’aléatoire, l’imitation, l’improvisation
La maison aux chats est « l’installation d’un récit », la composition à plusieurs mains
d’une vision fragmentée d’une maison et de ses occupants. A chaque représentation
nous invitons le public à découvrir une nouvelle combinaison des différents éléments
qui composent ce récit : Une histoire, celle de Marthe, qui raconte par bribes ses
souvenirs dans la maison qu’elle partageait avec sa mère et sa grand-mère. Deux
chats, qui apparaissent et disparaissent du plateau à leur gré, tantôt partenaires, tantôt
adversaires du récit. Des images étrangères qui viennent peupler l’univers étriqué de
Marthe, images diffusées et manipulées par une vidéaste en direct sur le plateau. Un
amas d’objets et de vêtements déversés sur le plateau, comme des jalons de la vie de
Marthe, qui s’habille, se déshabille, fouille, déballe, renverse, consomme, détruit…
Un espace scénique, dépouillé et stylisé: Une table-lit, un tapis-écran et un moniteur
sur roulettes permettant d’évoquer différentes qualités d’espace, du plus confiné au
plus ouvert. Le tout évolue au fil des choix de la comédienne et de la vidéaste, relayés
en direct par le travail du son et de la lumière, qui permet de mettre en valeur les
tableaux improvisés.
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