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Ce que le cerf dit à Julien

+ d'infos sur l'adaptation de Henri Dalem ,
mise en scène Henri Dalem

: Présentation

Adapté d’un des plus grands textes de Flaubert, lui-même inspiré par un vitrail de la Cathédrale de Rouen, la nouvelle création de la Cie de quat'sous plonge dans un univers visuel fait d’ombres et des lumières au service d’un récit bouleversant où se posent la question du bien et du mal, et de la responsabilité de chacun face à ses actes.

L’intrigue : Œdipe au temps des chevaliers


Julien est en enfant comblé, fils unique d’un châtelain pacifique. Mais malgré son excellente instruction et l’amour de ses parents, il sent en lui une violence qu’il parvient de moins en moins à refreiner. Bientôt devenu habile chasseur, il fuit la compagnie des humains.


Un jour, au cœur de la forêt, alors qui vient de le blesser mortellement, un grand cerf lui annonce qu’il tuera lui-même son père et sa mère. Pris de panique, Julien fuit pour conjurer ce mauvais sort. Dans des contrées lointaines, il met sa force au service des peuples opprimés et des souverains généreux. Il se marie et parvient à mener une vie heureuse en oubliant son destin.


Un soir, alors qu’il n’a plus chassé depuis sa rencontre avec le cerf, l’envie est trop forte. Il part dans la forêt. Mais au château, deux vieux frappent à la porte. La femme de Julien les reçoit : il s’agit de ses parents à la recherche de leur fils. Elle leur offre son lit pour qu’ils se reposent. Quand celui-ci rentre et croit trouver dans sa couche sa propre épouse avec un autre homme, il accomplit la malédiction.


Rongé par sa faute, Julien fuit à nouveau. Il devient le passeur d’un fleuve périlleux et risque sa vie pour faire traverser les voyageurs. Une nuit de tempête, une voix l’appelle. C’est un lépreux qu’il secoure. Julien lui donne le peu qu’il possède, et comme il n’a pas de feu, il se couche contre le mourant pour lui apporter le réconfort qu’il demande. Une vive lumière irradie la pièce : Julien monte dans le ciel.



Le bien et le mal


Dans La Légende de Saint Julien l’Hospitalier (1877), l’art de Flaubert touche à un degré de perfection inégalée. La puissance évocatrice, l’art de l’ellipse et la fulgurance des images font de ce texte un des sommets de la littérature française. C’est une réécriture incandescente du mythe d’Œdipe qui mêle références chrétiennes et païennes, et plonge au cœur de l’esprit tourmenté d’un adolescent qui ne trouve pas sa place dans le monde, Comment adapter un pareil chef d’œuvre ?


D’abord nous avons choisi de rester le plus proche possible de la lettre du texte. Ce faisant, notre spectacle tient à la fois de l’art du conte et de celui du théâtre. Quatre comédiens, également musiciens et manipulateurs d’objets s’emparent d’une façon chorale de l’action. Mais plutôt que de la représenter, celle-ci sera évoquée au plateau de façon métaphorique : notre but n’est pas d’illustrer le conte de Flaubert, mais plutôt de donner corps à notre lecture de cette œuvre si complexe, et d’impliquer nos spectateurs dans le récit en leur transmettant les émotions les plus vives possible.


Le principal enjeu de notre travail est l’incarnation du personnage de Julien, véritable ange destructeur. Durant les deux premières parties du spectacle, il s’agira d’une surmarionnette en fil de fer, vide et transparente : un corps rude qu’aucun esprit ne parvient à habiter.


Un dispositif sonore original, commandé directement du plateau par les comédiens eux-mêmes, tiendra un rôle important dans notre démarche narrative en venant ponctuer l’action et participer à la tension dramatique.


Vitraux, vidéo et théâtre


De l’art du vitrail, Flaubert a tiré une sorte de simplicité, une façon de raconter une histoire à des gens simples. La lumière, les couleurs, mais surtout de grandes émotions et des effets de constructions saisissants y jouent un rôle essentiel. Pourtant aucun manichéisme n’est ici à l’œuvre. Au contraire, cette apparente simplicité du dessin concours à la complexité de l’ensemble, comme une grande verrière dans une cathédrale.


Nous avons fait le choix de rechercher une esthétique évoquant le vitrail. Lumière, couleur, jeu de transparences, travail sur le mode narratif naïf (proche des vignettes de la BD) constitutif du vitrail, et surtout effets de focale apportés par la vidéo : nous allons plonger nos jeunes spectateurs dans un univers théâtral puissant et d’une grande originalité, renouvelant leur rapport à l’image.


De nombreuses images filmées en répétitions ou en direct durant la représentation seront diffusée sur un rideau à fil au milieu du plateau pendant le spectacle. Projetées ainsi au milieu des comédiens, en interaction avec eux, ces vidéos viendront donner forme aux fantasmes et aux cauchemars de Julien, cet enfant qui rêve de violence et qui a le malheur de voir son rêve devenir réalité.

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