Même avec le secours des dieux et la promesse de passer son éternité à discuter avec les grands philosophes ou les fameux dramaturges comme le suggérait Socrate, la question de la consolation s’est très vite posée à la philosophie.
Si nous souhaitons la revisiter aujourd’hui, c’est bien qu’en l’absence de Zeus et de ses acolytes…et vu l’affaiblissement du sentiment religieux ou sa transformation séculière, vu la désillusion vis-à-vis des sciences humaines et les peurs qu’engendre la science, nous ne savons plus très bien comment trouver une consolation à sa difficulté d’être.

Mais qu’en est-il des enfants dont les larmes, les bouderies, les colères exigent très vite d’être consolées ? Comment se consolent-ils tout seul lorsque la parole adulte leur manque ? Comment reprennent-ils des forces ?

La question se pose pour chacun de nous et les réponses sont innombrables. Pour un auteur, puiser dans sa propre enfance ne suffit pas, car la complaisance nous guette. J’ai vécu dans un temps où l’exaltation de la vie intérieure et la solitude fournissaient matière à la rêverie, à la consolation et à la résilience. D’autres secours tels que la famille élargie, la foi, la collectivité jouaient aussi leur rôle. Aujourd’hui, dans un monde atomisé, la solitude des enfants habitée par l’i-pod, les consoles ( !) vidéo, les séries, favorise sans doute une certaine consolation... Mais les machines savent-elles vraiment consoler ? Ou seulement divertir ?
Il nous est apparu nécessaire avant de concevoir le texte de questionner les valeurs contemporaines et d’aller recueillir dans une écoute bienveillante et joyeuse, les fragments de confidences des enfants.

Comment intervient la philosophie dans ce projet ?
Elle est au fondement des questions qui seront posées aux enfants. Et opérative car il est vain de vouloir philosopher, si cela ne débouche pas sur un exercice pratique de la joie.

Dominique Paquet