theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « L'Histoire des ours pandas racontée par un saxophoniste qui a une petite amie à Francfort »

L'Histoire des ours pandas racontée par un saxophoniste qui a une petite amie à Francfort

+ d'infos sur le texte de Matéi Visniec

: Note de mise en scène

L’Histoire des ours pandas interroge le sentiment amoureux. L’Histoire des ours pandas interroge alors la possibilité du théâtre à témoigner de ce sentiment, à créer un moment vivant de ce sentiment.


A partir de là, la mise en scène doit rendre compte de la simplicité, de la densité, de la puissance amoureuse, mais aussi de l’intense activité inconsciente qui se déclenche à l’instant de la rencontre. L’événement amoureux est alors un basculement vers différents intérieurs : l’intérieur de l’appartement, l’intérieur du rêve, l’intérieur de leurs souvenirs, un « espace du dedans » similaire aux déambulations poétiques d’un Henry Michaux, un « espace du dedans » que le personnage féminin - Elle - déclenche par sa simple présence. Pour traiter cela, je propose de créer une alliance entre trois formes de représentations : représentation scénique, représentation cinématographique et représentation en ombres chinoises.


Pour la représentation scénique, le plateau devient l’appartement de « Lui » où les deux comédiens construisent la situation théâtrale par un jeu dense et intime. Les quelques supports de décor présents (lit, table basse,…) sont la fois transformables dans les signes qu’ils dégagent cependant qu’ils servent le jeu et la construction des imaginaires. Représentation cinématographique ensuite, avec une création vidéo qui permet de traiter à la fois les éléments extérieurs à l’appartement (les voisins notamment) mais aussi les éléments oniriques ou « surnaturels » compris dans l’écriture. Enfin, la représentation des ombres chinoises relie la pièce avec les premières formes théâtrales venues d’Orient qui portaient les grandes épopées d’amour dans les villes et villages. Par rapport au sentiment amoureux, l’ombre est l’évocation, l’implicite devenu signe. C’est aussi le rapport à un « autre monde agissant », à un basculement évoqué dans l’écriture.


Ces trois formes s’épaulent, se complètent et racontent la même écriture grâce à un élément clef : le drap blanc. C’est en soulevant ce drap que Lui a vu pour la première fois Elle; par ce geste, il crée un fond de scène pour vivre sa rencontre (représentation théâtrale), il hisse un écran où il projette ses défenses et ses espoirs (représentations cinématographiques), il voile des ombres qui agissent sur eux (représentations en ombres chinoises).


Ce drap me permet de construire ce huis-clos non pas autour de l’enfermement mais autour d’une ouverture intérieure, d’un Ailleurs qui serait toujours là et avec lequel le public aurait un contact direct. Le jeu dense, engagé dans le corps des acteurs, fait contrepoint à l’impression aérienne du voile. L’angélisme et le pathos couramment associés au sentiment amoureux sont bannis pour une incarnation plus viscérale. Le sentiment amoureux n’est pas « propre », il est un va et vient entre la tendresse et la violence, l’essence et la possession, le pouvoir sur l’autre et le don de soi.


Le théâtre ainsi traité fonctionne d’une manière similaire au rêve, il est une fiction concrète et opérante où les repères espace-temps de notre vie réelle et contingente n’ont plus de prises sur les surgissements imaginaires et inconscients que le sentiment amoureux révèle.

Rémi François René

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.