theatre-contemporain.net artcena.fr

L’Emission de télévision

+ d'infos sur le texte de Michel Vinaver
mise en scène René Loyon

: Une singulière « comédie »

par René Loyon

Le désir de monter l’Emission de télévision de Michel Vinaver m’est venu l'été 2000, au cours des Troisièmes Rencontres Théâtrales de Haute-Corse organisées par Robin Renucci ; le cinéaste Christian Palligiano y mettait en espace la pièce sur une place de village, avec les moyens les plus simples, et m’avait demandé de jouer le rôle du « chômeur de plus de cinquante ans » Pierre Delile.


C'est ainsi que j'ai découvert ce texte que je ne connaissais pas. Et c'est ainsi que j'ai constaté à quel point cette singulière "comédie" pouvait toucher le public le plus large par la savante et réjouissante imbrication de ses thèmes : le chômage et les désastres en tout genre qu’il engendre, la manipulation télévisée, ses ravages et ses mirages, mais aussi les aléas de la vie conjugale, la difficulté d’être « père », mais encore l’obsession de la réussite sociale, la peur du ratage, de l'humiliation, de l’exclusion. Tout se mêle ici, s’entrelace, s’organise dans cette écriture si particulière de Vinaver – simple et musicale à la fois – pour nous proposer comme un tableau du sombre univers social et psychique dans lequel nous baignons aujourd’hui.


Vinaver ne donne pas de leçons, il peint des paysages. En l’occurrence, ici, celui de la dite société du spectacle ; une société qui n’est pas seulement celle où le spectacle –toutes les activités humaines mesurées à l’aune du divertissement– prolifère à n’en plus finir, mais aussi et surtout celle où chacun, pressé par l’hégémonie du marketing, court le risque de devenir spectateur de plus en plus passif de sa propre vie. De ce point de vue là, nous ne sommes pas loin de la violence tragique. Mais n’est-ce pas le caractère premier de toute grande comédie ?


C’est là, en tout cas, un paradoxe que Vinaver assume tranquillement. Le monde qu’il nous décrit est certes très noir, mais il y a, traversant son écriture, comme une légèreté ironique, une position foncièrement amicale à l’égard de ses personnages, qui font que nous ne désespérons pas tout à fait ni du monde ni de nous.

par René Loyon

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.