Tana est une jeune fille qui débute une formation de couture en apprentissage. Elle a quitté le domicile maternel et vit chez son employeuse, en échange d’heures supplémentaires à l’atelier. Elle a fui, plus tôt, une mère qui la rendait malade. Elle a coupé les ponts. Se terre dans le silence et le travail à l’atelier. Au début de la pièce,Tana n’a pas spécialement d’appétence pour ces techniques dont elle ignore tout. Elle n’est pas très bavarde non plus. Elle sauve ou tente de sauver ce qui peut encore l’être, comme le ferait le rescapé d’une grande catastrophe. Plus les mois passent, plus Tana se consolide. Avec l’aide de sa patronne et de sa meilleure amie, Apolline, dans le silence de l’atelier et du travail manuel solitaire de broderie, elle va quitter les terreurs de l’enfance pour affronter la figure de sa mère. L’Infâme est une pièce d’émancipation. Elle débute dans la honte de soi, dans le sentiment d’humiliation et de désagrégation. Elle s’achève avec la victoire de la guerrière, ferme dans sa volonté de vivre et de se construire un avenir, pleine de force pour demain. Elle s’achève loin de l’amertume et du ressentiment. Entre les deux, des histoires de brodeuses, de couturières, de tisseuses ; des histoires de fils noués et de fils coupés. L’Infâme est une histoire de liens. Ceux qui nous brisent. Ceux dont on se libère. Ceux que l’on tisse.

Simon Grangeat et Laurent Fréchuret se sont rencontrés au Centre culturel de la Ricamarie, où ils sont artistes associés. Après plusieurs rencontres, et une plus grande connaissance de l’univers artistique de chacun, ils ont interrogé la possibilité d’une collaboration théâtrale. L’intérêt porté à l’adolescence les ont amenés à imaginer une pièce de théâtre qui serait écrite et répétée en résidence dans des établissements scolaires, puis jouée devant un public d’adolescents, collégiens et lycéens, au sein-même des salles de classes. Tout le processus de création de L’INFÂME a été réalisé dans deux établissements scolaires : le lycée professionnel Testud au Chambon-Feugerolles et le Collège Les Bruneaux à Firminy. Après un premier temps de résidence d’écriture pour Simon au début de l’année 2022, en lien direct avec les élèves, en leur proposant ateliers d’écriture et lectures des étapes de travail de la pièce, l’équipe de création a ensuite pris le relais et investi ces deux établissements pendant huit semaines. La salle de classe est devenue espace de répétitions puis de représentations, ouverte en permanence aux élèves, pour affirmer une forme de permanence artistique, proposer une parole poétique inscrite dans le concret du quotidien scolaire et sensibiliser les élèves et équipes pédagogiques au travail de création.