Ce qui m’a introduit réellement dans le monde de Spinoza est un écho de mon enfance. En découvrant, lisant, scrutant son Éthique j’ai pu relier une règle de jeu que j’avais établi étant jeune : à chaque endroit, chaque instant, je pouvais constamment trouver quelque-chose à comprendre ; cela est devenu une chasse au trésor du quotidien. Aujourd’hui, et avec pour base cette règle de jeu, je trouve chez Spinoza trois notions qui me nourrissent : La structure de l’Éthique est indissociable du sens qu’elle développe, ce sens devient matière chorégraphique évoluant donc sur le rythme cadencé de l’Éthique et finalement cette évolution/révolution permanente fait accéder à des états fantasmagoriques de béatitude et de joie.

Parallèlement à cette quête philosophique, nous évoluerons avec la partita n°2 pour violon de Johann Sebastien Bach. En plus d’être de la même contemporanéité, la structure de la partita présente certaines similitudes avec la construction de l’Éthique. Ceci, avec la chance de pouvoir se délecter de cette œuvre en live, jouée par Doriane Gable. Nous allons également utiliser le mode de transposition du logiciel de création sonore Ableton Live pour que la partita soit comme doublée afin d’emmener le spectateur dans la double face de l’Éthique.

Toute la magie qui s’opère en communiant ces deux œuvres nous emmène à des endroits de clair/obscur et leurs transpositions présentent de multiples variations extrêmement mobiles. Pour Spinoza, « l’essence de l’Homme est l’effort pour persévérer dans son être », un effort dont l’objectif est la joie. Quoi de plus beau et d’affirmatif que de partir sur une création chorégraphique avec de telles notions comme outils de création.

Hervé Chaussard