Julien Gosselin pour "Joueurs, Mao II, les noms"
Si la lecture croisée d'oeuvres de Don DeLillo –Joueurs, Mao II, Les Noms – permet à Julien Gosselin de tisser avec des fils narratifs une thématique qui flirte du côté du terrorisme et des années 1970 à 1990, son rêve de théâtre aujourd'hui s'ouvre à d'autres paysages. Les variations dans les écritures, les sous-textes et le rapport au temps deviennent pour le jeune metteur en scène des évidences qu'il aime à retrouver dans l'auteur américain. « Je ne souhaite pas sur-créer des ponts entre trois textes pour fabriquer une trilogie convaincante et explicite, mais plutôt que la fiction se brise pour que des événements adviennent de partout. » L'histoire chez les deux hommes – l'écrivain comme le metteur en scène – ne se vit pas de manière linéaire : elle est éclatée, à l'instar des flux d'informations de notre modernité qui alternent instants intenses et moments suspendus. Tel un romancier qui interrompt le déroulé de son intrigue pour poser son décor, telle la discontinuité de la lecture soumise aux aléas du quotidien, les huit heures de spectacle dans lesquelles Julien Gosselin et Si vous pouviez lécher mon coeur nous immergent sont une expérience du sensible. De l'entrée à la sortie de salle, les durées de la fiction et du réel cherchent un accord.