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Jean la Chance

mise en scène Serge Irlinger

: Présentation

L’intrigue Jean est un paysan paresseux et naïf. Un jour, un Monsieur arrive à la ferme, séduit et emporte sa femme.


Le temps passe. Jean se complaît dans la rêverie. Des marchands ambulants lui proposent d’échanger leur charrette contre sa ferme. C’est l’occasion de partir sur les routes. Au fil de ses rencontres, il est dépouillé de tous ses biens…


Une pièce de jeunesse À peine âgé de 21 ans, Bertolt Brecht est encore un inconnu lorsqu’il écrit la pièce. Admiratif de Karl Valentin, le fameux clown munichois, le jeune Brecht s’inspire largement de formes populaires, comme le cirque, les variétés ou le cabaret. C’est dans ce contexte qu’il adapte le conte Jean la chance que les frères Grimm avaient intégré en 1819 à leur collection de contes populaires. Restée inachevée, elle a été retrouvée au milieu des années 90 dans les archives du Berliner et publiée pour la première fois en allemand en 1997.


Le conte des frères Grimm Jean est un paysan un peu benêt et naïf qui, après 7 ans de bons et loyaux services auprès de son maître décide de rentrer chez sa mère. Parti avec un sac d’or en guise de récompense pour son travail, il parvient au terme de son voyage les mains vides mais heureux, après une succession d’échanges particulièrement iniques.


L’adaptation de Bertolt Brecht S’il reprend la structure circulaire de l’échange du conte des frères Grimm, Brecht modifie profondément le traitement de la fable. Son Jean ne provoque pas l’échange, il s’adapte aux différentes situations acceptant sans révolte le dépouillement dans un monde sans humanité, fondé sur la violence. Son parcours raconte l’histoire d’un homme qui perdant à la fois ses biens matériels et spirituels (son âme) va parvenir à un état de béatitude par la contemplation de la nature. Une quête matérialiste qui se mue en quête métaphysique, telle est l’originalité et la force de la pièce. Comme Franck Wedeking et Karl Valentin, Bertolt Brecht fait parti de la mouvance matérialiste qui s’élÈve contre l’expressionnisme et cherche à inventer des formes modernes. Dans sa recherche pour un nouveau théâtre qui doit prendre en compte l’évolution de la société, Bertolt Brecht refuse cependant de couper net avec la tradition : son Jean la chance est la parfaite figure de l’anti-héros inspiré des farces du Moyen-Âge : un paysan benêt, naïf et cocu qui se fait toujours berner. Entre comique verbal et cruauté, les dialogues aux répliques courtes et incisives provoquent le rire ou la pitié, incitant le spectateur à s’interroger sur la nature des relations humaines générées par la société contemporaine : l’exploitation et le dépouillement des plus faibles, l’instrumentalisation des individus.


La mise en scène Simple naïf ou idiot, gros paresseux, Jean est toujours à l’opposé de ce qu’on attend de lui. La mise en scène interroge l’homme occidental dans son rapport au monde : comment peut-on rester bon quand tout est désordre autour de nous ? Dans cette pièces en onze tableaux, la nature et les éléments sont omniprésents. Dès qu’il se retrouve sur les routes, Jean croise des gens du petit peuple : forains, escrocs, vieillards, badauds… une vingtaine de personnages incarnés par cinq acteurs, le sixième tenant le rôle titre. Tous jouent dans un esprit de filiation avec les figures traditionnelles du conte.


Dans une de ses annotations découvertes après sa mort, Bertolt Brecht parle de son admiration pour le peintre flamand du 16e siècle Bruegel l’Ancien. C’est l’un des rares peintres de son époque à s’être intéressé au monde paysan. Mettre en contact leurs univers, telle est la gageure de la mise en scène. Les acteurs évoluent naturellement dans l’atmosphère des tableaux de Bruegel : chariots, piloris, roues, mât de cocagne, lumière et costumes aux teintes chatoyantes, une atmosphère qui se prête admirablement à celle du conte populaire. Elle est soutenue par la musique du Petit Orchestre de Poche. Composée d’un accordéoniste et d’un batteur, cette formation dont les influences musicales se situent entre nomadisme et terroir officie ordinairement pour des spectacles de cirque, de cabaret, pour des bals populaires. Elle est ici conviée pour jouer en ouverture, lors d’intermèdes, pour animer les corps et les objets.

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