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Je me suis vue

+ d'infos sur le texte de Howard Barker traduit par Pascale Drouet

: Présentation

Je me suis vue, jouée pour la première fois en France

Je me suis vue, jouée pour la première fois en France


Dans un monde écrasé entre le poids des traditions et les guerres fratricides, une femme indépendante cherche à exprimer son individualité et sa sexualité à travers l’exécution d’une immense tapisserie. Elle tente de convaincre les jeunes femmes qui l’entourent que l’expression de la vérité est la seule cause à défendre. Ces femmes traversent le temps comme les ouvrières inlassables de notre humanité. L’écriture intense et sans complaisance d’Howard Barker nous offre ici, une nouvelle fois La lucidité de son regard : l’art est-il une priorité ? une façon de transcender l’inacceptable ?


La Vue
Souvenir, Vision, Proximité, Trouble, Fantasme, Illusion, Interprétation, qu’ est ce que la vision ? Qu’est-ce que le regard de l’artiste et qu’est-ce qu’un artiste ? Sleev veut réaliser une tapisserie, c’est sa fonction sociale, elle est le maître d’œuvre de cette petite société placée au XIIIème siècle. Elle est à peine un personnage, plutôt une médiatrice, la plaque sensible de cette petite communauté, qui, placée à distance historique nous autorise une réflexion vagabonde et toute la liberté possible d’interprétation au regard de notre époque.
Nous nous trouvons dans une petite entreprise de fabrication dont le bruit de percussions incessant des métiers à tisser rythme la musique d’une ruche appliquée. Mettre en volumes ce huis-clos, cette cérémonie du tissage, comme une cérémonie de la vie et du destin. Les tisseuses de Je me suis vue telles les Parques personnifient le temps.


L’esprit de la chair
Sleev veut que la chair, sa chair, et sa sexualité soient le motif principal de la tapisserie. Nous voulons que la chair du texte soit le motif de la mise en scène. Sleev ne parvient pas à dessiner le visage de son royal mari, elle se consacre au feuillage. Notre feuillage est l’éclatement de la scénographie dans l’espace. La tapisserie est mobile, sous forme de projections sur des plans obliques ou sur des rideaux de tulle. Elle sera aussi représentée par une grande toile de décor à l’ancienne, suspendue au plafond ou se répandant au sol, une fois tissée, lourde, impossible à déplacer, comme la mue interminable d’un serpent aux mille reflets. Evoluant dans une galerie d’images et de miroirs toujours changeante, les personnages se perdent dans leur reflet, ne savent plus qui est qui, qui ils sont.


A Mon Seul Désir
Sleev exprime son Désir comme nécessité et affirmation du pouvoir absolu. Cela influe et dirige ses relations avec son entourage : sa fille, qui ne sait comment exister, les hommes, qui profitent de cet appétit sexuel inespéré, les servantes, qui selon leur degré dans la hiérarchie ou leur lien affectif avec Sleev, sont asservies à la tâche de la tapisserie jusqu’à en perdre leur yeux.
Dans notre monde aussi, nous mettons l’extase sexuelle, qu’elle soit dénigrée ou idolâtrée, au sommet nos fantasmes, et étrangement, nos corps sont habillés à bas prix par les petites mains sacrifiées des pays lointains, les mêmes petites mains qui exécutent nos tapis moelleux, nos draps notre linge. Comme à toutes les époques, nous cherchons notre place dans la cellule familiale, l’entreprise, la société.
Et puis, lorsque la vue s’estompe, lorsque le corps commence à rouiller, l’extase des sens devient plus aléatoire, le reflet de notre propre image, moins flatteur, moins net. Et pourtant la vie toujours s’impose. S’y accrochent, Sleev, septuagénaire à la démarche incertaine, et son acolyte, Ladder dont les certitudes commencent à se fissurer. A toutes les deux privées de la vue, il ne reste plus que le lien de la vie, ce battement de carotide.
Tant que le désir est là, la carotide bat le tempo, la vie puissante, demeure, aussi présente qu’au jour de grande jouissance. Pourtant, il n’y a plus de pouvoir, l’image s’estompe, les traits du visage aimé, le sien propre ou celui de l’autre, s’effacent, il n’y a plus que le temps, compté. Et le dernier acte, bref, laisse la pensée retrouvée pénétrer ce corps pesant ayant enfin reconnu sa vérité déjà inutile. Absurde.
Agnès Delume


Scénographie : version circulaire.
Le dispositif scenique circulaire intègre les spectateurs partagés en cinq groupes séparés par des couloirs d’entrée sur la scène centrale en forme d’ovale. Les panneaux incarnant la tapisserie et surtout l’espace mental que représente cette tapisserie sont suspendus légèrement au-dessus du dispositif scénique et circulent sur des rails légers, manipulés par les acteurs. Son suspendues également des « harpes » ensemble de cordes fines qui effleurés par une actrice ou un acteur, peuvent déclencher une rafale d’image sur les panneaux.

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