Charlie et Mimi, se retrouvent autour d'un café froid, le temps de remettre encore une fois le passé sur la table. Ici pas de longues discussions ou d'interminables tirades sentimentalistes. Les échanges sont aussi brefs que des passes d'armes. Le passé qui les unit se déroule insidieusement entre les répliques. Et nous finissons par comprendre entre les lignes la fatigue de l'une et la lâcheté de l'autre. Que se passe-t-il quand on n'a pas été faite pour être mère ? Quand toute sa vie on a porté sur ses épaules un rôle qui n'était pas le sien ? Que peut-il rester d'un lien filiale tissé dans du mauvais coton ? Fabrice MELQUIOT nous offre avec cette pièce un petit laboratoire autour des mots, avec leurs sens et leurs poids. Les questions de l'oubli et du pardon dessinent les contours de ce huis-clos, sans que pour autant rien ne soit jamais énoncé clairement. Les personnages s'adonnent à un numéro de haute-voltige dans les sphères du non-dit. Et c'est dans cet univers cauchemardesque bloqué en mode "repeat", que les personnages se heurtent à la violence des mots jusqu'à en perdre les repères du réel. Qu'est ce qui relève du réel ? Qu'est-ce-qui relève du fantasme ? La frontière se fait si ténue qu'on a hâte que tout s'arrête une fois pour toute.

Nous allons tenter d'explorer avec ce projet les questions de "Répétitions" et de "Variations". Qu'est ce qui fait un souvenir commun ? A-t-on la même perception d'un évènement ? A quel point existe-t-il une distorsion de la mémoire ? Et par conséquent le principe de vérité a-t-il encore un sens ? A partir de ce postulat nous tâcherons d'explorer l'immense difficulté de dire les choses, même les plus vitales.